La Callas

La Callas


17 septembre 1977, La Callas s'éteint. Trente ans déjà... Quarante ans
plus tôt, en Grèce, à seulement quatorze ans, elle auditionne devant un
professeur réputé. " Cette petite a un talent fou ", s'étonne le maître
à la fin de l'interprétation. " Je sais ", aurait répondu la petite
Maria Callas. Mythe ou réalité ?

Une Grecque née à New York





Vue de France, la naissance de la cantatrice, un 2 décembre (1923),
jour anniversaire du « soleil d’Austerlitz » et du sacre d’un empereur,
se fait sous les meilleurs auspices.
La
réalité s’avère plus modeste : Marianna Kalogeropoulos (Callas pour
l’administration américaine) est née à New York d’un couple
d’immigrants grecs arrivé en Amérique pendant l’été et qui ne parle pas
encore un mot d’anglais.
Ses parents s’entendent mal, leur second
enfant (et seul fils) est mort quelques mois plus tôt, ils souhaitent
un garçon, le sort leur donne une fille… Il aura fallu quatre jours
avant qu’Evangelia, la mère de Maria, accepte de la prendre dans ses
bras.

Poussée comme un prodige






Très tôt, Evangelia est persuadée qu'elle a donné naissance à des
prodiges : en piano pour l'aînée Jackie, en chant pour la cadette
Maria. Pour les promouvoir plus facilement que dans la grande ville
surpeuplée, sa mère rentre avec elles en Grèce en 1937.
Grâce
à l'audition évoquée plus haut et obtenue par un oncle, Maria réussit à
entrer au Conservatoire national. Sa voix a été tellement appréciée
qu'elle a même obtenu une dispense pour y entrer avant l'âge théorique
! Poussée le soir par sa mère, qui lui fait travailler son chant dès
qu'elle rentre, et le jour par son professeur enthousiaste Maria
Trivella, elle obtient le premier prix de sa classe de conservatoire et
commence à se produire dans quelques représentations.

Entière et passionnée






Au moment où la Seconde Guerre mondiale éclate en Europe, Maria obtient
de nouvelles bourses d'études lyriques et abandonne ses études pour ne
plus se consacrer qu'au chant.
C'est
à cette époque que commencent à se multiplier les anecdotes, vraies ou
fausses, qui donneront d'elle plus tard l'image d'une " tigresse "
entière et passionnée : une gifle donnée à un baryton qui l'avait
traitée de garce, une autre à celui qui avait douté de ses capacités,
une troisième à un homme qui veut lui barrer l'entrée des artistes...
Elle devient bientôt, malgré sa jeunesse, " la plus grande chanteuse d'opéra et la plus aimée de toute la Grèce ".

Il n’y a plus d’ennemi...






En 1944, lors d'une représentation de Fidelio, une œuvre qui chante la
liberté alors que la Grèce est sous le joug allemand, un officier
allemand est si bouleversé par le talent et la voix de Maria Callas
qu'il en hurle de joie et envoie sa casquette en l'air à la fin de
l'opéra.
Comme
on lui signale que sa voisine est la mère de la cantatrice, il se jette
à son cou. Elle le repousse : " Non ! Vous êtes mon ennemi ! ". Mais il
la reprend dans ses bras : " Je ne saurais être l'ennemi d'une femme
qui a donné le jour à une telle fille ! "

Le papillon sort de sa chrysalide






Le dernier professeur de Maria Callas en Grèce, Elvira de Hidalgo, lui
donne les compétences et peut-être aussi l'assurance qui lui manquaient
jusque là.
Elvira
dira plus tard de la cantatrice : " Comme élève, elle était parfaite,
docile, intelligente, travailleuse, c'était quelque chose de
formidable. Je n'avais pas besoin de répéter une phrase deux fois. Elle
disait " capito ", " j'ai compris ", et le lendemain, c'était
magnifique. […] Elle réunissait tout, la voix, le chant,
l'interprétation. […] J'avais un sentiment de sécurité, de tranquillité
que ne me donnaient pas mes autres élèves. J'étais tellement sûre
d'elle que j'étais contente quand elle devait chanter. Je pensais : Oh,
maintenant, je vais me reposer "...
Se reposer et écouter, juste
pour le plaisir, celle qui allait devenir la plus belle voix du siècle,
LA Callas, avec cet article défini, planté devant son nom comme une
note de musique. Cet article qui efface le prénom et qu'on n'accorde
qu'aux plus grandes...