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 Triphyna

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~Dominique~
Grisettes de Montpellier
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~Dominique~


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Date d'inscription : 20/02/2007

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MessageSujet: Triphyna   Triphyna Icon_minitimeSam 10 Nov - 17:02

Triphyna (1)
Légende bretonne

par
Emile Souvestre
~*~



Le roi de
Vannes avait une fille nommée Triphyna, si belle et si
parfaite, que les saintes elles-mêmes enviaient ses
mérites.


Or, elle fut demandée en mariage par le comte de Cornwaille,
nommé Comorre, le plus méchant homme que Dieu eût
créé depuis Caïn.


Le roi de Vannes ne voulait point consentir à cette alliance ;
pour éviter la guerre entre les deux pays, saint Veltas
décida la jeune fille à épouser le prince Kernwed.
Il lui donna seulement une bague d’argent pour lui servir
d’avertissement, car bien que cette bague fût aussi blanche
que le lait, elle devait devenir, en cas de danger pour Triphyna, aussi
noire que l’aile d’un corbeau.


Les noces furent célébrées avec grand appareil, et
Comorre s’en retourna dans ses terres avec la jeune mariée.


Pendant les premiers mois, son amour pour Triphyna le rendit plus doux
qu’on ne devait l’attendre de sa nature. Les prisons du
château restèrent vides et les fourches de justice sans
pâture pour les oiseaux. Les gens du comte se disaient tout bas :
« Qu’a donc le seigneur, qu’il n’aime plus les
larmes ni le sang ! »


Mais ceux qui le connaissaient mieux, attendaient sans rien dire.



Triphyna elle-même, malgré la bonté du comte pour
elle, ne pouvait se rassurer ni prendre aucune joie. Tous les jours
elle descendait à la chapelle du château, et là
elle priait sur les tombes des quatre femmes dont Comorre
s’était fait veuf, en demandant à Dieu de la
préserver de rude mort.


Il y eut, vers ce temps-là, une grande assemblée de
princes bretons à Rennes, et Comorre fut obligé de
s’y rendre. Il donna à Triphyna toutes les clefs du
château, même celles de la cave ; il lui dit de se
distraire à sa fantaisie et partit avec une grande suite.


Il ne revint qu’au bout de cinq mois, et arriva grandement
pressé de revoir Triphyna, dont il avait eu souci pendant toute
son absence. Aussi ne prit-il point le temps de la faire
prévenir de son retour, et se présenta-t-il dans sa
chambre, au moment où elle taillait un petit bonnet de
nouveau-né garni de dentelles d’argent.


En voyant le bonnet, Comorre pâlit et demanda quel devait
être son usage. La comtesse, qui croyait lui mettre une grande
joie au coeur, déclara qu’avant deux mois ils
auraient un enfant ; mais à cette nouvelle le seigneur de
Cornwaille recula, hors de lui, et après avoir regardé
Triphyna d’un air terrible, il sortit brusquement sans rien dire.



La princesse eût pu croire que c’était un caprice
comme le comte en avait quelquefois, si elle ne se fût
aperçue, en baissant les yeux, que sa bague d’argent
était devenue noire. Elle poussa un cri
d’épouvante, car elle se rappelait les paroles de saint
Veltas, et elle comprit qu’un grand danger la menaçait.


Mais elle ne pouvait deviner pourquoi, ni trouver le moyen d’y
échapper. La pauvre femme demeura tout le reste du jour et une
partie de la nuit à chercher d’où venait la
colère du comte ; enfin, comme son angoisse augmentait, elle
descendit à la chapelle pour prier.


Mais voilà qu’après avoir fini son chapelet, et
lorsqu’elle se levait pour partir, minuit sonna à
l’horloge !


Au même instant, elle vit les quatre tombes des quatre femmes de
Comorre s’ouvrir lentement, et celles-ci en sortir couvertes de
leurs draps mortuaires.


Triphyna, à demi-morte, voulut fuir, mais les fantômes s’écrièrent :



- Prends garde, pauvre perdue, Comorre t’attend pour te tuer !



- Moi ! dit la comtesse : eh ! que lui ai-je fait pour qu’il veuille ma
mort ?


- Tu l’as averti que dans deux mois tu serais nourrice, et il
sait, grâce à l’Esprit du mal, que son premier
enfant le tuera. Voilà pourquoi il nous a ôté la
vie, quand il a appris de nous ce qu’il vient d’apprendre
de toi.


- Seigneur ! se peut-il que je sois tombée dans des mains si
cruelles ! s’écria Triphyna en pleurant ; s’il en
est ainsi, quel espoir me reste-t-il, et que puis-je faire ?


- Va trouver ton père au pays du blé blanc, répondirent les fantômes.



- Comment faire ? reprit la comtesse : le chien géant de Comorre garde
la cour.


- Donne-lui ce poison qui m’a tuée, dit la première morte.


- Et par quel moyen descendre au bas de la haute muraille ? demanda la
jeune femme.


- Sers-toi de cette corde qui m’a étranglée, répondit la seconde morte.



- Mais qui me dirigera dans la nuit ? reprit la princesse.


- Cette flamme qui m’a brûlée, répliqua la troisième morte.


- Et comment faire un aussi long chemin ? dit encore Triphyna.



- Prends ce bâton qui a brisé mon front, acheva la dernière morte.



La femme de Comorre prit le bâton, la flamme, la corde, le
poison. Elle fit taire le chien, elle descendit la haute muraille, elle
vit clair dans la nuit, et elle prit la route de Vannes, où
demeurait son père.


Comorre, qui ne la trouva pas le lendemain en se réveillant,
envoya son page dans toutes les chambres pour la chercher ; mais le
page revint dire que Triphyna n’était plus au
château.


Alors le comte monta à la tour du milieu et regarda aux quatre vents.



Du côté de la demi-nuit, il vit un corbeau qui croassait ;


Du côté du lever du soleil, une hirondelle qui volait ;


Du côté du milieu du jour, un goëland qui planait,


Et du côté du jour couchant, une tourterelle qui fuyait.


Il s’écria aussitôt que Triphyna était dans
cette direction, et ayant fait seller son cheval, il se mit à sa
poursuite.


Pendant ce temps, Triphyna, poussée par la peur, avait toujours
marché ; elle arriva à l’une des maisons de
campagne de son père, près d’un édifice
soutenu par des colonnes et entouré de fleurs ; mais le roi de
Vannes venait d’en partir et tout était désert. La
pauvre fugitive, brisée par la fatigue, s’assit sur une
pierre, et penchant la tête sur un de ses bras, elle
s’endormit.


Elle resta plusieurs heures à la même place, sans pouvoir
se relever, et finit par mettre au monde un enfant merveilleusement
beau, qui, plus tard, fut appelé Saint-Trever.


Comme elle le tenait dans ses bras, pleurant moitié de bonheur,
moitié de tristesse, elle aperçut un faucon qui portait
un collier d’or. Il était perché sur un arbre
voisin, et elle reconnut le faucon de son père, le roi du pays
où vient le blé blanc. Elle appela bien vite, par son
nom, l’oiseau, qui descendit sur ses genoux, et elle lui
présenta la bague d’avertissement donnée par saint
Veltas, en lui disant :


- Faucon, vole vers mon père et porte-lui cet anneau ; quand il
le verra, il comprendra que je cours quelque grand danger ; il
ordonnera à ses soldats de monter à cheval, et tu les
conduiras ici pour me sauver.


L’oiseau comprit, saisit la bague et s’envola comme un éclair du côté
de Vannes.


Mais presque au même instant, Comorre paraissait sur la route
avec son chien fauve, qui suivait toujours la piste de Triphyna ; et
comme celle-ci n’avait plus la bague pour l’avertir, elle
ne sut rien qu’en reconnaissant la voix du tyran, qui
encourageait le chien. La pauvre innocente sentit le froid parcourir
ses os. Elle n’eut que le temps d’envelopper le
nouveau-né dans son manteau pour le cacher au creux d’un
arbre, et Comorre parut sur son cheval barbu à
l’entrée de la clairière.


En voyant Triphyna, il poussa un cri pareil à celui des
bêtes fauves, s’élança vers la malheureuse,
qui était tombée à genoux, et d’un seul coup
de son couteau à tuer, il lui détacha la tête des
épaules.


Croyant s’être ainsi débarrassé de la
mère et de l’enfant, il siffla son chien et repartit pour
la Cornwaille.


Mais le faucon était arrivé à la cour du roi de
Vannes, qui dînait avec saint Veltas ; il vola vers la table et
laissa tomber l’anneau d’argent dans la coupe de son
maître. Celui-ci ne l’eut pas plutôt reconnu,
qu’il s’écria :


- Goa ! il est arrivé quelque malheur à ma fille, puisque
le faucon me rapporte sa bague ! Qu’on sangle vite les chevaux et
que Veltas nous accompagne, car j’ai peur que nous n’ayons
bientôt besoin de son secours.


Les serviteurs obéirent promptement, et le roi partit avec le saint et
une troupe nombreuse.


Ils allaient tous au galop de leurs chevaux, suivant le vol du faucon,
qui les conduisit à la clairière, où ils
trouvèrent Triphyna morte et son enfant vivant.


Le roi se jeta à bas de son cheval en poussant des cris à
faire pleurer les chênes ; mais saint Veltas lui imposa le
silence.


- Taisez-vous, dit-il, et priez Dieu avec moi : il peut encore tout
réparer.


A ces mots, il se mit à genoux avec tous ceux qui se trouvaient
présents, et après avoir adressé une prière
fervente au ciel, il dit au cadavre :


- Lève-toi !


Le cadavre obéit.


- Prends ta tête et ton enfant, ajouta le saint, et suis-nous au
château de Comorre.


La morte fit ce qui lui était ordonné.


Alors, la troupe épouvantée remonta à cheval et
fit force d’éperons vers la Cornwaille ; mais, quelque
rapide que fût sa course, la femme décapitée se
trouvait toujours en avant, tenant son fils sur le bras gauche, et sur
le bras droit sa tête pâle.


Ils arrivèrent tous ainsi devant le château du meurtrier.


Comorre, qui les avait vus venir, fit relever le pont-levis. Saint
Veltas s’approcha des fossés avec la morte, et
s’écria à haute voix :


- Comte de Cornwaille, je te ramène ta femme telle que ta
méchanceté l’a faite, et ton enfant tel que Dieu te
l’a donné ; veux-tu les recevoir sous ton toit ?


Comorre garda le silence.


Saint Veltas répéta les mêmes paroles une seconde
fois, puis une troisième, et comme aucune voix ne
répondait, il prit le nouveau-né sur le bras de la morte
et le posa à terre.


Alors on vit une merveille qui prouvait la toute-puissance de Dieu, car
l’enfant marcha seul, librement, jusqu’au bord du
fossé, y prit une poignée de sable, et la lançant
contre le château, s’écria :


- La Trinité fait justice.


Au même instant, les tours s’ébranlèrent avec
un grand fracas, les murs s’entr’ouvrirent, et le
château entier s’affaissa sur lui-même, ensevelissant
le comte de Cornwaille et tous ceux qui avaient aidé à
ses crimes.


Saint Veltas replaça ensuite la tête de Triphyna sur ses
épaules, lui imposa les mains, et la sainte femme revint
à la vie, au grand contentement du roi de Vannes et de tous ceux
qui étaient présents.

EMILE SOUVESTRE.



(1)
L’histoire de Triphyna est très-populaire en Bretagne.
C’est un de ces récits que des conteurs, appelés discrevellerrs,
répètent le soir au coin du foyer.
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Kali.SsBbw
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MessageSujet: Re: Triphyna   Triphyna Icon_minitimeJeu 15 Nov - 18:00

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