~Dominique~ Grisettes de Montpellier
Nombre de messages : 6732 Age : 57 Localisation : Sud Seine et Marne FRANCE Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: La face cachée des contes Mar 15 Jan - 17:46 | |
| La face cachée des contes " J'adore les histoires qui font peur ! ", s'exclame le garçonnet de huit ans. Pourtant, au profit de récits " éducatifs ", certains parents écartent les contes traditionnels, qu'ils jugent souvent cruels et sanglants. Ils ont bien tort...Contes et vraie vie Le sens de la vie Les histoires pour les enfants d'aujourd'hui évoquent des histoires d'école, de doudous perdus, d'épinards qu'on ne veut pas manger, de jalousie vis-à-vis de la petite sœur…
Elles ne parlent ni de la mort, ni du sexe, ni du vieillissement, ni de l'espoir d'une vie éternelle ou par-delà la mort.
Or, l'enfant a besoin de réponses, même symboliques, à toutes ces questions fondamentales, cruciales, pour grandir en sécurité vers son âge d'homme.Des histoires façonnées par des siècles de conteurs L'enfant est irrationnel. Lui donner des " cours " sur le sens de la vie ne lui est d'aucune aide. En revanche, les contes traditionnels peuvent l'aider à surmonter ses peurs.
" Je trouvais plus de sens profond dans les contes de fées qu'on me racontait dans mon enfance que dans les vérités enseignées par la vie ", écrit le poète Schiller.
Et le psychanalyste Bruno Bettelheim précise que, " à force d'avoir été répétés pendant des siècles, les contes de fées se sont affinés et se sont chargés de significations aussi bien apparentes que cachées ; ils sont arrivés à s'adresser simultanément à tous les niveaux de la personnalité humaine, en transmettant leurs messages d'une façon qui touche aussi bien l'esprit inculte de l'enfant que celui plus perfectionné de l'adulte ".Affronter ce qui va mal Le petit sait bien que, contrairement à ce qu'on lui raconte aujourd'hui, les adultes et les enfants (lui compris) ne sont pas tous et toujours gentils.
Il sait bien aussi que la mort existe alors que personne ne lui en parle. Les contes le font.
Ils commencent souvent par la mort d'un des parents. Ou par leur vieillesse : " Le roi, sentant ses forces décliner et songeant à la mort, ne savait pas auquel de ses trois fils il devait laisser le royaume en héritage... ".
Le mal est très présent dans ces contes et triomphe souvent momentanément, même si le bien finit toujours par l'emporter. Et si le bien gagne aussi dans l'esprit de l'enfant et lui construit un sens moral, ce n'est pas parce que le méchant est puni (la peur d'une fessée n'empêche jamais de faire une bêtise), mais parce qu'il s'identifie au héros de l'histoire. Le petit peut gagner... Elles sont nombreuses, les histoires traditionnelles qui opposent le héros à des géants infiniment plus grands et plus forts que lui... comme le sont les adultes pour un petit enfant. Or, le conte de fées, parce qu'il se termine bien, le rassure et l'aide à grandir " en sécurité ".
Beaucoup évoquent aussi des fratries, où le plus petit et le plus faible, celui dont tout le monde se moque, est toujours celui qui finit par gagner.
Dans Hansel et Gretel, la petite sœur qui est au début de l'histoire sous la domination du frère, grandit et le sauve à la fin du conte. Porteur d'espoir, victoire de l'optimisme sur le pessimisme, le conte est " un cadeau d'amour ", comme l'écrivait Lewis Caroll. Dépasser Oedipe Le conte est aussi un merveilleux outil d'éducation sexuelle. Beaucoup d'histoires mettent en scène un " fiancé-animal " monstrueux. Sans le formaliser en effet, l'enfant a peur du sexe, qui lui semble répugnant. Le conte lui apprend sans le dire (et il perdrait toute sa force si on commençait à en expliquer les mécanismes) que l'amour va lui permettre de vaincre cette crainte et " d'être heureux jusqu'à la fin de sa vie ".
Un amour, rappelle aussi le conte, dénouant ainsi le fameux complexe d'Oedipe, qu'il doit ne pas donner exclusivement à ses parents. La Belle et la Bête est un récit très instructif à cet égard : la jeune fille aime tellement son père qu'elle se livre à sa place. C'est toujours à son père qu'elle pense pendant les longues semaines passées au château. La Bête ne lui semble donc... que bête. Le déclic se fait au chevet de son père : elle comprend l'attachement qu'elle avait, sans le savoir, commencé à éprouver pour la Bête, elle quitte son père, retourne au château avouer son amour... et la Bête se transforme alors en prince !Garder la tête froide Rester dans le droit cheminDans Le Petit Chaperon Rouge, la mère met en garde sa fille (qui porte depuis peu de temps un chaperon rouge séducteur faisant d'elle presque une femme) contre les mauvaises rencontres et lui demande de ne pas s'attarder. Mais la fille le fait, faisant passer son plaisir (cueillir les fleurs, manger les fraises des bois) avant son obéissance.
Lorsque survient le loup (le séducteur), elle évoque sa grand-mère (le renvoyant en quelque sorte vers une femme plus âgée). Le loup part d'autant plus volontiers vers la maison de la grand-mère qu'il y a des bûcherons dans le bois (un adulte renonce à séduire une petite fille s'il y a d'autres personnes dans les parages). Et la petite fille sera dévorée après la grand-mère, après s'être allongée dans le lit avec le loup.
L'enfant apprend ainsi indirectement qu'il a tort de désobéir à ses parents, même s'il ne fait apparemment rien de mal (ici : s'attarder pour cueillir des fleurs). " S'il s'écarte du sentier que ses parents ont tracé pour lui, explique Bruno Bettelheim, il connaît la " méchanceté " et craint qu'elle ne le dévore, lui et ses parents dont il a trahi la confiance ".
Mais, comme le dit la suite du conte, on peut ressusciter de cette " méchanceté ". Tout est bien qui finit bien.Garder le sens des réalitésPour terminer sur Le Petit Chaperon Rouge, signalons que le conte a d'autant plus de forces qu'il est paradoxalement " réaliste " : si le bûcheron tue le loup, c'est pour en avoir la fourrure, pas pour venir au secours de l'enfant déjà dévorée.
Contrairement à bien des histoires modernes où tous les adultes (une ville entière par exemple) viennent sauver le petit : l'enfant sent bien que cela ne peut être vrai et que le conte ancien " sonne " infiniment plus réel. Un exemple parmi tant d'autres… | |
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Kali.SsBbw Grisettes de Montpellier
Nombre de messages : 6712 Age : 41 Localisation : Rive-Sud de Montréal Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: La face cachée des contes Mar 15 Jan - 22:17 | |
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