Le Musée des Beaux-arts de Montréal présente jusqu'au 8 juin une exposition exceptionnelle d'art cubain
"Cuba
! Art et histoire de 1868 à nos jours" propose un panorama complet de
l'art cubain, à travers le prisme de l'histoire, depuis les premières
guerres d'indépendance.
400 oeuvres des plus grands artistes, tableaux, photos, documents,
affiches, installations, vidéos, ont été prêtées pour moitié par les
musées cubains.
Les autres oeuvres présentées proviennent du monde entier, et beaucoup des collections du MoMA de New York.
L'idée de l'exposition est née il y a trois ans quand Nathalie Bondil,
directrice du Musée des beaux-arts de Montréal et commissaire de
l'exposition, a visité le Museo Nacional de Bellas Artes, le grand
musée des beaux-arts de La Havane.
Elle est impressionnée par l'identité particulière de l'art cubain, au
carrefour des mondes européen, caribéen et nord-américain, qui a su
faire la synthèse entre héritage baroque et académique, les racines
hispaniques et africaines, les spritualités catholiques et
syncrétiques. Frappée par la méconnaissance qu'il rencontre, elle
décide de la faire découvrir.
L'exposition s'articule autour des différentes
périodes de l'histoire cubaine, les guerres coloniales, la quête d'une
nation, la révolution, grâce notamment au fonds photographique
extraordinaire de la Fototeca de Cuba.
Après un art colonial où la peinture de paysage scelle le sentiment
d'appartenance à un territoire, une première avant-garde naît entre les
deux guerres. Le monde connaît peu ces artistes, à part Wilfredo Lam.
L'exposition s'attache à faire découvrir de grands artistes ignorés.
Le modernisme militant de Marcelo Pogolotti a particulièrement frappé
la commissaire et doit être pour elle une des découvertes de
l'exposition. Dans les années 1930, il fustige le capitalisme, le
fascisme et l'injustice, avec des figures d'ouvriers, de patrons et de
militaires caricaturaux.
Elle souligne la vitalité de l'école cubaine depuis 1959, une école qui
invoque tous les styles, lyrisme, expressionnisme ou pop. Le clou de
l'exposition est une grande murale, "Cuba Colectiva" (1967), réalisée
en une seule nuit par une centaine d'artistes et intellectuels. Chacun
a peint une case d'une grande spirale. Une case avait été réservée à
Fidel Castro qui ne l'a jamais remplie. Le transport de cette oeuvre a
été particulièrement délicat.
"Impressionné par la qualité de la sélection", Jeff Rosenheim,
conservateur au MET, cité par Libération (21 février), estime que
l'exposition du Musée des beaux-arts de Montréal "restera comme une
leçon dans l'histoire de l'art".
Renseignements sur le
site du Musée des beaux-arts de Montréal