Les droits de l'homme et les JO

A 130 jours de l'ouverture des JO de Pékin, la flamme olympique a été allumée ce lundi à Olympie sur le site des Jeux antiques. Cette cérémonie a été perturbée par des militants de Reporters sans Frontières au nom des droits de l'homme. Rapidement étouffées par la police grecque, ces manifestations n'empêcheront pas la flamme de parcourir le monde et de faire une halte au Tibet avant son arrivée à Pékin le 8 août prochain. Un sondage Ifop pour L'Equipe révèle que 60% des Français sont contre le boycott des JO.

La flamme olympique vacille... A 130 jours de l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, celle-ci a été allumée, selon la tradition, ce lundi à Olympie sur le site des Jeux antiques. Une cérémonie qui a été perturbée, comme le craignaient les autorités chinoises et malgré l'important dispositif policier déployé par la Grèce, par trois membres de Reporters sans Frontières (RSF), dont le secrétaire général de l'organisation non gouvernementale, Robert Ménard, décidés à faire valoir les droits de l'homme alors que la situation au Tibet reste préoccupante.

"La flamme olympique va faire rayonner la lumière et la joie, la paix et la fraternité, l'espoir et les rêves du peuple de Chine et du monde entier", a déclaré le président du comité d'organisation des JO de Pékin et secrétaire du Parti communiste pour la capitale chinoise, Qi Liu, qui n'a pas interrompu son discours lorsque les militants de RSF ont tenté de s'approcher de lui. Ces derniers, qui ont eu le temps de déployer une banderole sur laquelle les anneaux olympiques étaient remplacés par des menottes, ont été interpelés pas la police avant d'être placés en détention. D'autres militants des droits de l'homme et de la cause tibétaine auraient été arrêtés par la police. Des images que la télévision chinoise a soigneusement censurées...

"Si le feu olympique est sacré, les droits de l'homme le sont plus encore", a souligné RSF dans un communiqué. "Nous ne pouvions pas laisser le gouvernement chinois se saisir de la flamme olympique, un symbole de paix, sans dénoncer la situation dramatique des droits de l'homme dans le pays, à moins de cinq mois de l'ouverture des JO". Ces manifestations, dont l'écho se fait de plus en plus fort au sein de la communauté internationale qui reste partagée à l'idée de boycotter la cérémonie d'ouverture, n'empêcheront pas la flamme olympique de silloner la planète jusqu'au 8 août prochain. Médaillé d'argent de taekwondo au JO de 2004 à Athènes, le Grec Alexandros Nikolaidis a lancé le périple de la flamme qui va parcourir 137 000 kilomètres à travers les cinq continents. Malgré les tensions apparues au Tibet, elle devrait notamment passer par Lhassa avant de faire un crochet par l'Everest, le plus haut sommet du monde. Elle sera à Paris le 7 avril.

Non au boycott des Jeux, oui à celui de la cérémonie

Un sondage Ifop pour le quotidien L'Equipe révèle que 60% des Français sont contre le boycott des Jeux Olympiques à la lueur du non-respect des droits de l'homme en Chine et des événements récents au Tibet. En revanche, ils sont 54% à penser que les dirigeants français devraient boycotter la cérémonie d'ouverture de la compétition. Enfin, pour 84% des sondés, le CIO devrait réviser sa charte d'attribution des Jeux. Cette étude a été réalisée du 20 ou 21 mars auprès d'un échantillon de 1007 personnes, représentatif de la population française.

Voile: Steyaert en route vers les Jeux ?

En devenant mercredi championne du monde de Laser Radial (dériveur en solitaire) en Nouvelle-Zélande, Sarah Steyaert a réalisé une grosse performance qui devrait lui permettre d'être en pole position pour représenter la France aux Jeux Olymppiques de Pékin. Troisième avant la dernière journée, la Tricolore a réussi à passer devant la Chinoise Xu Lijia et la Belge Evi Van Acker pour être sacrée. "Je savais que je n'avais rien à perdre et j'avais la hargne. J'ai été plus forte mentalement en terminant 1 et 5 des deux dernières manches et la Chinoise a craqué en écopant d'une pénalité sifflée sur l'eau. Je savais que côté vitesse et technique cela allait bien mais c'est dans la tête que j'ai gagné", a commenté Sarah Stenyaert.

Football: Le Honduras et les USA qualifiés

En atteignant la finale du tournoi préolympique de zone Concacaf (Amériques centrale et du nord), les Etats-Unis et le Honduras ont gagné ce week-end leur billet pour les Jeux Olympiques de Pékin. C'est la septième fois depuis 1980 que les Américains participeront au tournoi de football des JO réservé aux équipes nationales de moins de 23 ans. A noter que le Honduras a remporté la compétition grâce à un but de Dominic Cervi dans la prolongation.

La flamme olympique était en route pour Athènes samedi, encadrée par un dispositif policier draconien, destiné à éviter tout incident de la part d'opposants au régime de Pékin, à la veille de sa remise aux organisateurs chinois.

Les coureurs participant au relais de la torche sont attendus en fin de journée dans la capitale grecque. Ils porteront la flamme en haut de l'Acropole, où elle passera la nuit.

Depuis son allumage mouvementé lundi à Olympie (sud), lorsque des militants de l'association française Reporters sans Frontières (RSF) ont réussi à déjouer la sécurité pour perturber la cérémonie, les policiers grecs sont sur les dents pour éviter que ne se répète une opération de ce type.

Du coup, les militants des droits de l'Homme et les défenseurs de la cause tibétaine sont maintenus à bonne distance du parcours.

Samedi, dix membres du réseau danois TheColorOrange.net, qui milite contre les violations des droits de l'Homme en Chine, ont été empêchés par les force anti-émeutes d'approcher du siège du Comité hellénique olympique (CHO) à Athènes, où se tenait une conférence de presse.

La veille au soir, les mêmes avaient été contraints par la police de s'arrêter à quelque 70 km de Larissa (centre), où passait la torche, après avoir été contrôlés à quatre reprises.

"Il y avait un grand nombre de voitures de police qui nous escortaient (...) c'était ridicule", a rapporté l'un d'eux à l'AFP, Michael Holtce Rasmussen.

Vendredi soir, une personne a également été interpellée et une vingtaine d'autres empêchées de déployer une banderole à Volos (centre).

La veille, deux personnes avaient été interpellées à Salonique (nord), également pour avoir tenté de sortir une banderole à proximité du parcours de la flamme, tandis qu'une quinzaine d'autres avaient été maintenues par les policiers à 1 km du centre-ville.

Des restrictions qui concernent également la presse, qui a été interdite d'accès au site de l'Acropole samedi soir, provoquant la colère de plusieurs associations de journalistes.

En tout 2.000 policiers devaient être déployés durant le week-end dans la capitale grecque.

"Il y a de nombreuses mesures de sécurité. La flamme est constamment accompagnée par d'importantes forces de police, appuyée par une surveillance par hélicoptères", a détaillé à l'AFP Tassos Papachristou, porte-parole du Comité olympique hellénique.

Le moment le plus sensible pour les autorités grecques sera la remise de la flamme aux organisateurs chinois, dimanche après-midi lors d'une cérémonie au stade de marbre d'Athènes, qui a accueilli les premiers Jeux modernes en 1896.

"Si quelqu'un bouge, accrédité ou pas, il sera arrêté", avait averti vendredi le porte-parole de la police, Panayotis Stathis.

"Avec quelque 20.000 spectateurs attendus, l'opération s'annonce difficile mais nous voulons croire que tout ira bien", a-t-il ajouté.

Le zèle policier déployé autour de la flamme a provoqué des remous au sein de la gauche grecque, où circule une pétition, signée d'une cinquantaine de personnalités, accusant Athènes de "s'aligner sur la Chine totalitaire" en tentant de prévenir toute manifestation contre Pékin.

Après sa remise aux organisateurs chinois, la flamme olympique partira pour Pékin. Elle démarrera ensuite le 2 avril un périple autour du monde.

La classe politique est embarrassée, 3 000 policiers sont mobilisés, car des manifestations vont émailler le parcours de la flamme olympique.

Le passage de la flamme olympique aujourd'hui à Paris, dernière étape de son périple européen, attise toutes les passions. Dimanche à Londres, plusieurs incidents violents ont opposé la police et des manifestants anti-chinois. Comme dans la capitale britannique, les militants de la cause des droits de l'homme ont prévu de mener plusieurs actions à Paris pour manifester contre la politique chinoise, et plus particulièrement contre la répression au Tibet.

Arrivé dimanche soir en avion de Londres, c'est sous très haute surveillance que l'emblème des Jeux, porté par 80 relayeurs (la liste des porteurs de la flamme), devrait parcourir 28 kilomètres. Le départ est prévu à 12 h 35 du premier étage de la tour Eiffel pour arriver au stade Charlety près du siège du Comité national olympique vers 17 heures après être passé par l'Arc de triomphe, les Champs-Élysées, l'Ile de la Cité ou encore le boulevard Saint-Germain.

Pas moins de 3 000 policiers sont mobilisés, un dispositif digne d'un chef d'État. Une «bulle» étanche de 200 mètres de long sera constituée autour du porteur du feu olympique, composée de 400 fonctionnaires à pied, en moto et en rollers. A cela s'ajouteront trois vedettes de la brigade fluviale de la Préfecture de police et la garde républicaine à cheval, le tout survolé par un hélicoptère. De quoi générer pagaille et embouteillages monstres dans Paris.

Les Tibétains de France ont prévu une «journée citoyenne de solidarité» sur le parvis des droits de l'homme au Trocadéro, qui n'est pas sur le tracé de la torche. Reporters sans frontières prévoit plusieurs actions «symboliques et spectaculaires ». Sur la façade de l'Hôtel de ville sera déployée une banderole proclamant : «Paris défend les droits de l'homme partout dans le monde ». En revanche, le projet de faire flotter un drapeau tibétain sur le fronton de l'Assemblée nationale a été rejeté par son président Bernard Accoyer. De leur coté, les athlètes français devraient porter un badge sur lequel figureront les anneaux olympiques et l'inscription «France pour un monde meilleur ».

«Trois conditions» démenties

Le passage de la flamme à Paris révèle à nouveau l'embarras de la France autour de la participation à la cérémonie d'ouverture à Pékin. Dans un entretien au Monde, la secrétaire d'État aux Droits de l'homme Rama Yade a vivement critiqué la politique chinoise au Tibet. Elle a en revanche démenti samedi avoir parlé de «conditions» à la présence de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture des Jeux à Pékin au mois d'août. Selon le quotidien, Rama Yade aurait pourtant déclaré que «trois conditions sont indispensables» pour que Nicolas Sarkozy se rende à la cérémonie d'ouverture. Ces «conditions» sont «la fin des violences contre la population et la libération des prisonniers politiques, la lumière sur les événements tibétains et l'ouverture du dialogue avec le dalaï-lama ».

Volant à son secours, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a observé que «ce serait vraiment torpiller une éventuelle participation au dialogue que de poser des conditions ». Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, a pour sa part indiqué que Nicolas Sarkozy «prendra sa décision par rapport à ce qu'il considère être l'intérêt de notre pays », assurant que «sa position n'a pas changé, il avait indiqué à Tarbes que toutes les options étaient ouvertes ».

Dans l'opposition, Ségolène Royal a indiqué au Journal du dimanche qu'il était «encore temps de menacer de boycotter les JO », se disant «convaincue que le pic de la répression et des assassinats aura lieu pendant les JO ».

La flamme olympique partira ce soir pour l'Amérique, où elle sera à San Francisco mercredi et à Buenos Aires vendredi.

Les trois multinationales qui parrainent le parcours de la flamme condamnent les débordements et serrent les dents.

Officiellement
tout va bien pour Samsung, Coca-Cola et le groupe informatique chinois
Lenovo, les trois multinationales qui sponsorisent le parcours de la
flamme olympique d'Athènes à Pékin (pour une somme de 15 millions de
dollars chacun, selon des analystes américains). Mais
l'investissement, peu élevé pour ces grands groupes, risque de s'avérer
désastreux si l'image de ces marques mondiales était écornée. «Nous
n'avons pas pour habitude de faire des commentaires sur des sujets
politiques ou des polémiques», explique-t-on sobrement chez Samsung.
Sur son site Internet dédié au parcours de la flamme, le géant
sud-coréen de l'électronique fait d'ailleurs un compte rendu très
positif de l'étape londonienne de dimanche dernier. Le film court la
résumant omet les incidents pour ne retenir qu'une sympathique course
acclamée par la foule anglaise. Une vision des événements encore plus
expurgée que celle de la télévision publique chinoise. L'étape
parisienne n'est pas encore en ligne. L'autre soutien historique
des JO, Coca-Cola, qui souhaite poursuivre le parcours chaotique de la
flamme jusqu'à la fin, condamne les débordements. «Nous considérons que
l'exploitation du relais pour faire pression sur la Chine n'est pas
appropriée», a déclaré hier Kerry Kerr, porte-parole de Coca aux
États-Unis. En privé, ses experts en communication serrent les dents et
espèrent que leur marque sortira indemne de cette aventure. «C'est bien
parce que les sponsors étaient désireux de réaliser une très belle
opération de marketing à l'échelle mondiale, que cette flamme va
accomplir cette année son plus long parcours avant l'ouverture
officielle des Jeux», rappelle l'historien du sport Jean Durry.

Les entreprises menacéesde boycott

Mais
l'opération risque bien de s'apparenter à un long supplice à la
chinoise pour les sponsors. D'autant que, dans cette foire aux
revendications antichinoises, les actions d'éclat de Reporters sans
frontières et des militants protibétains donnent des idées à d'autres
organisations. Déjà les coups pleuvent sur les sponsors des Jeux.
Ainsi, l'ONG Dream for Darfur vient de publier une liste des
entreprises «complices silencieuses du génocide au Darfour» et appelle
à les boycotter. Au nom des droits de l'homme (et par un amalgame
confondant), les 64 sponsors officiels des compétitions olympiques de
Pékin y figurent tous dans l'ordre alphabétique, d'Adidas à Volkswagen.