Les fournisseurs de service d'accès à Internet et les spécialistes s'accordent à dire que les consommateurs souffriront probablement des nouvelles politiques de contrôle de la bande passante privilégiées par certains géants canadiens des télécommunications.
La récente décision discrètement prise par Bell Canada de restreindre le partage de fichiers sur son réseau aux heures de grand trafic a provoqué un débat au sujet du degré de concurrence permise au sein de l'industrie et du nombre d'options proposées aux internautes à la cherche d'un service rapide.
L'Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) a réduit la concurrence au sein de l'industrie en imposant des politiques de restriction du trafic à tout fournisseur d'accès à Internet utilisant les lignes téléphoniques de Bell au Québec et en Ontario.
L'initiative a été lancée sans avertissement aux consommateurs, à la mi-mars, et l'association a indiqué que les mesures adoptées devraient toutes être en place ce lundi, ce qui aura pour effet de ralentir de façon significative le trafic Internet entre 16h30 et 2h00.
Bell maintient que les nouvelles politiques visent à niveler le terrain de jeu en empêchant un petit groupe d'internautes d'accaparer la bande passante, bien que ses responsables n'aient pas expliqué pourquoi ces politiques n'étaient pas appliquées dans d'autres parties du pays.
Bell n'est pas le seul important fournisseur d'accès à Internet impliqué dans le contrôle de la bande passante. Rogers Communications a eu des politiques similaires pendant un certain temps.
Un observateur de l'industrie a indiqué que l'utilisateur moyen n'avait que peu à dire en ce qui concerne le niveau des services d'accès à Internet qu'il reçoit. «Nous avons (...) une situation de quasi monopole au Canada en ce qui a trait à l'accès haute vitesse à large bande», a affirmé Richard Morochove, expert-conseil de Toronto.
M. Morochove a dit être d'accord avec l'affirmation de Bell voulant que la mesure vise à assurer des niveaux de service égaux sur son réseau.
Il croit toutefois que cette décision est motivée par un désir de limiter la concurrence des fournisseurs indépendants en leur imposant les mêmes restrictions de trafic que connaissant les utilisateurs de Sympatico depuis 2007.
L'Association canadienne des fournisseurs Internet a porté plainte auprès du CRTC, la semaine dernière, affirmant que Bell enfreint plusieurs règles et abuse de sa position dominante dans le marché en pratiquant le ralentissement du trafic Internet.