Une mère et sa fille présentent tous les symptômes de botulisme, en Ille-et-Vilaine. Un plat mexicain industriel pourrait en être à l'origine. Le point sur cette maladie paralytique rare.
Que s'est-il passé ?
C'est le gouvernement qui a annoncé la nouvelle, mardi soir : une mère et sa fille présentant tous les symptômes de botulisme lié à une intoxication alimentaire ont été hospitalisées au cours du week-end à Rennes et Saint-Malo. Leur état de santé est «très préoccupant», précise un communiqué qui émane de la Direction générale de l'Alimentation et de la Direction générale de la Santé. Les deux femmes sont «en réanimation, intubées, ventilées» précise Didier Houssin, directeur général de la santé.
Quelles sont les causes de cette intoxication ?
Parmi les aliments consommés par les deux victimes, une suspicion pèse sur «plusieurs produits industriels de distribution nationale, dont un plat mexicain» d'enchiladas de «la marque Companeros», explique le communiqué, ajoutant que les analyses seront connues dans la soirée de jeudi. Les produits suspectés ont été achetés au magasin Cora de Saint-Jouan-des-Guérets en Ille-et-Villaine. Les autorités sanitaires recommandent aux personnes ayant gardé ce produit de ne pas le consommer et de le rapporter à leur point de vente.
Qu'est-ce que le botulisme ?
Le botulisme est une maladie rare consécutive, le plus fréquemment, à l'ingestion d'une toxine très puissante produite par la bactérie Clostridium botulinum. Il n'existe pas de transmission interhumaine. Les aliments peuvent être contaminés pendant leur préparation, la bactérie se développant ensuite en l'absence de stérilisation préalable ou compte tenu d'une mauvaise conservation (à température ambiante par exemple). Le jambon et autres produits de charcuterie sont le plus souvent identifiés ou suspectés d'être la cause de l'intoxication. Mais en 2006, deux jeunes toxicomanes ayant inhalé de la cocaïne avaient également développé une forme bénigne de la maladie.
Entre 2003 et fin 2006, le botulisme humain a touché 96 personnes en France, dont 61 ont dû être hospitalisées sans provoquer de décès, selon un bilan établi par l'Institut Pasteur et l'Institut de veille sanitaire (InVS). «Le botulisme humain reste une maladie rare en France», estimaient les chercheurs, qui relevaient cependant la nécessité d'une surveillance attentive de cette maladie à déclaration obligatoire depuis 1986. Depuis 10 ans, aucun cas mortel n'a été enregistré.
Quels sont les symptômes ?
Les premiers symptômes, digestifs, sont suivis de signes neurologiques caractéristiques : sensation de vision floue ou double, troubles de l'élocution, sécheresse de la bouche, puis par une fatigue pouvant évoluer vers une paralysie atteignant progressivement tous les muscles du corps. Le délai entre la consommation du produit contaminé et l'apparition des troubles est en moyenne de 6 à 36 heures, mais cela peut aller jusqu'à 15 jours.
Y a-t-il un traitement adapté ?
Une sérothérapie (injection d'un sérum immunisant) doit être entreprise aussi rapidement que possible, avec l'administration d'une antitoxine par voie intra-veineuse. Les cas graves requièrent en outre un traitement symptomatique, et notamment des soins respiratoires intensifs via une ventilation assistée. La plupart des malades guérissent s'ils sont traités sans délai, indique l'Institut Pasteur sur son site Internet.
Il existe de plus un vaccin antibotulique, mais il est réservé aux personnes exposées, travaillant en laboratoire par exemple, et il peut générer des effets secondaires importants.
Les mesures de prévention reposent sur le respect des règles d'hygiène relatives à la préparation et à la conservation des denrées alimentaires, afin de prévenir le développement de Clostridium botulinum, et la production de toxine.
Mer 13 Aoû - 14:21