Des militants des droits de l’homme dénoncent la censure virtuelle effectuée par le gouvernement chinois auprès de la population et des médias. En plus d’être menacés, des internautes sont arrêtés, emprisonnés et torturés.
La problématique n’est pas d’hier, mais d’autant mise en évidence avec les Jeux Olympiques de Pékin, où même la liberté de presse des journalistes étrangers est prise en otage. Alors que le gouvernement chinois s’est engagé à améliorer la situation des droits humains en Chine auprès du comité de d’organisation olympique.
«L’État contrôle les blogues, forums, sites Web, courriels, Internet au complet. Il y a une cyberpolice qui censure des sujets au nom du gouvernement en effaçant des contenus ou en interdisant l’accès à des sites Web. Une liste quotidienne de sujets et sites Web qui doivent être censurés est donnée par le gouvernement à la cyberpolice. Des gens sont aussi payés pour mettre en ligne des messages faussés pour le gouvernement», a décrit le cyberdissident Cai Chongguo, en direct de Paris via une Webcam, devant quelques centaines de jeunes de l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde qui étaient réunis à l’Université Laval.
M. Chongguo a participé aux manifestations massives de Tian'anmen en 1989, qui visait à dénoncer la corruption et à demander des réformes politiques et démocratiques. Recherché par la police pour son implication, le professeur de philosophie s’est enfuit en France. Depuis, il est correspondant pour le China Labour Bulletin, a étudié les systèmes de censure du Net du régime chinois et tient le blog «Journal d’un Chinois» sur le site Web du journal Le Monde.
Arrestations
Il avait espoir que la couverture médiatique des jeux de Pékin amène un vent de changement pour les droits de l’homme en Chine, particulièrement en ce qui concerne la liberté d’expression sur le Web.
La Chine a obtenu les Jeux Olympiques d’été en 2001. Il y avait alors 14 journalistes et 10 cyberdissidents emprisonnés en territoire chinois. Le nombre de journalistes et de cyberdissidents emprisonnés dépasse maintenant la centaine. Et Internet est toujours censuré et la couverture médiatique des Jeux de Pékin de même.
«Les journalistes doivent avoir une tonne d’autorisations ne serait-ce que pour une entrevue avec un citoyen ordinaire. Il y a 150 000 policiers et des milliers de bénévoles qui s’occupent de surveiller ce que disent ou partagent les médias et les touristes», précise Clothilde Le Coz, chef du bureau Internet et libertés à Reporters sans frontières à Paris, qui était auprès de M. Chongguo.
Mobilisation
Pour venir en aide à la population chinoise, les militants invitent le public à se mobiliser en dénonçant la situation autour d’eux, dans les médias et sur le Web. La mobilisation créera ainsi des pressions mondiales sur le gouvernement chinois, ce qui pourrait l’obliger à agir, croient-ils. Mme Le Coz suggère également aux internautes de se rendre sur des sites de contournement de la censure et de s’y inscrire, tel que psiphon.civisec.org/. C’est par un logiciel, que les habitants des pays non censurés peuvent ainsi ouvrir les portes à ceux des pays subissant des restrictions. La seule condition pour utiliser ce système est le lien entre les censurés et les non censurés puisque la méthode requiert un mot de passe partagé. Le résident du pays censuré n’a rien à installer sur son ordinateur. Tout se passe du côté du serveur situé dans le pays non censuré.