La mort d'une octogénaire qui a été maltraitée par son fils durant les longs mois où elle a vécu chez lui pousse une coroner à demander une meilleure formation des aidants naturels et plus d'encadrement pour les intervenants à domicile.
Claire Trudel, 87 ans, a passé les derniers mois de sa vie dans le noir, le visage contre le mur, sans que le CLSC de Pointe-aux-Trembles, qui lui offrait des soins à domicile, ne force une hospitalisation.
«Les soins à domicile sont une bonne chose, mais ils sont ponctuels et ils ont leurs limites», dit la coroner Catherine Rudel-Tessier.
Dans son rapport, elle recommande une procédure pour permettre aux intervenants de «signaler formellement une situation problématique pouvant mettre en danger la santé ou la sécurité de la personne aidée».
Former les intervenants
Elle propose aussi de «former les intervenants sur les rôles et responsabilités des aidants naturels».
«Tout le monde voyait que la situation (de Claire Trudel) n'avait pas de bon sens. Il faut que ça soit facile de dire que quelque chose ne va pas.»
Mme Trudel est décédée à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont en décembre 2006 après avoir vécu avec son fils, qui tenait à ce qu'elle puisse mourir à la maison.
La dame, atteinte d'Alzheimer sévère, est restée couchée dans une chambre sombre sans télévision ni radio, son lit placé contre un mur et entouré de ridelles (pour ne pas qu'elle tombe) durant des mois.
«Le CLSC s'est rendu compte que si personne ne venait la fin de semaine, elle ne mangeait pas, raconte la coroner. Et la gardienne n'allait la voir que pour vérifier» si elle était morte»», ajoute Me Rudel-Tessier.
Ni la gardienne, ni le fils de la défunte, Michel Roy, ne changeaient sa couche.
Médecins outrés
En décembre, un infirmier a finalement décidé de faire hospitaliser Mme Trudel contre le gré de son fils.
«Les médecins étaient outrés de ce qu'ils ont vu. Elle avait des plaies de lit, des ecchymoses, elle était déshydratée. Ils ont même pris des photos, tellement ils ont trouvé ça épouvantable.»
Malgré les efforts de l'hôpital, la dame est morte d'une broncho-pneumonie quelques semaines plus tard.
CE QUE DIT LE RAPPORT
L'état dans lequel Mme Trudel est arrivée à l'hôpital était tel que ses médecins se sont demandé comment il a pu s'être dégradé à ce point.
Ni le fils ni l'aidante de jour ne lui prodiguaient les soins nécessaires.
Comme elle était couchée et n'était pas repositionnée régulièrement, elle a développé plusieurs plaies de lit.