L'Agence de la santé publique du Canada a confirmé, hier, en fin de journée, qu'un premier décès dû à la listériose a été répertorié au Québec, en Montérégie plus précisément.
Une enquête est en cours pour établir si c'est la bactérie qui a entraîné la mort et si la victime avait consommé des produits rappelés par l'usine de Maple Leaf.
«On suit la situation avec attention, assure Marie-Ève Bédard, la porte-parole du ministre de la Santé, Yves Bolduc, qui a tenu à offrir ses condoléances à la famille. Chaque cas est répertorié et analysé.»
D'autres décès
Un autre Québécois atteint de listériose de même souche que celle trouvée à l'usine Maple Leaf est mort plus tôt cette année.
L'Agence de la santé publique du Canada a annoncé deux autres victimes, hier, l'une de la Saskatchewan et l'autre de la Colombie-Britannique.
Les dernières données four nies par les autorités sanitaires parlent maintenant de 15 décès au Canada, dont 12 en Ontario. Neuf d'entre eux font toujours l'objet d'une enquête.
Le nombre de cas confirmés continue aussi de grimper. Il atteint maintenant 29, soit trois cas de plus que lundi.
Les autorités enquêtent actuellement sur un total de 30 autres, dont 10 au Québec.
Selon ce que le Journal a appris, le directeur de la Protection de la santé publique du ministère de la Santé du Québec doit annoncer aujourd'hui en conférence de presse que huit des 10 cas faisant l'objet d'une enquête ne sont pas liés aux produits Maple Leaf.
«On a eu les résultats du labo et ce n'est pas la même souche de listériose que celle trouvée à l'usine», assure le Ministère. On enquête toujours sur les deux autres cas.
Nouveaux cas
Par ailleurs, cinq nouvelles infections suspectes ont été décelées en Montérégie. Elles ont été signalées hier au ministère de la Santé.
«Il semble y avoir plusieurs nouveaux cas et on en a fait part aux autorités. On ne connaît pas encore la souche de listériose qui les a causés, l'enquête n'est pas assez avancée», explique la Dre Patricia Hudson de l'Agence de santé publique de la Montérégie.
Une Montréalaise de 80 ans est aussi atteinte par la bactérie. Bien qu'on enquête encore sur son cas, on ne croit pas qu'il soit lié à l'ingestion de viande ciblée par le rappel.
Pour faciliter la transmission d'information au sujet de l'éclosion de listériose, la Direction de la protection de la santé du Québec songe à mettre sur pied un site Internet fournissant de l'information quotidienne à la population.
L'INFECTION EN QUATRE QUESTIONS
Q Est-ce un incident isolé ou doit-on se poser des questions sur toutes les usines qui produisent des charcuteries ?
R «C'est un accident de parcours. Le système de sécurité alimentaire canadien est très bon, souligne le professeur Ariel Fenster, de l'Organisation pour la science et la société de l'Université McGill. C'est ce qui se passe quand on concentre la production alimentaire. Quand un accident se produit, il est certain qu'il aura de grandes ramifications, car les produits sont distribués aux quatre coins du pays.»
Q Est-ce que cette crise démontre qu'il y a une faille dans le système canadien d'inspection des aliments ?
R «Oui. Il faut anticiper les crises au lieu d'être en mode réaction, estime Sylvain Charlebois, spécialiste en distribution et sécurité alimentaire, et professeur à l'Université de Regina. Dans certains produits d'Europe, les consommateurs qui achètent une pièce de viande savent qui est le producteur, qui a distribué le produit et depuis quand il est en magasin. C'est sur l'étiquette. Ici, les gens apprennent par les médias que Maple Leaf, c'est aussi Schneiders, Mr. Sub et la marque sans-nom. Il faut un système de traçabilité adapté à la complexité des réseaux de distribution. Le consommateur a le droit de savoir.»
Q Peut-on penser qu'une forme de Listera résistante aux procédés sanitaires est à la source de la contamination ?
R «Non. Il n'y a pas de raison de penser que la bactérie est plus résistante aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a quelques années. Ce n'est pas le même phénomène que l'on rencontre pour les antibiotiques», croit le bactériologiste Charles Dozois de l'INRS-Institut Armand-Frappier.
Q Doit-on s'abstenir de manger des viandes froides pendant quelques semaines ?
R «Non, répond le microbiologiste Rick Holley, de l'Université du Manitoba. Il ne faut pas oublier que 10 % de la population est porteur de cette bactérie sans jamais développer de symptômes. C'est une bactérie qui est présente partout, mais qui s'attaque surtout aux aînés, aux enfants très jeunes, aux femmes enceintes et aux personnes qui ont un système immunitaire déficient. Par exemple, une personne qui subit des traitements contre le cancer court 2 000 fois plus de risques d'avoir une infection causée par la bactérie Listeria.»