Un détenu de Bordeaux qui se plaignait de douleurs à la poitrine et qui tentait depuis deux jours de voir un médecin est mort mardi, sans jamais avoir eu la chance de se faire examiner par un professionnel de la santé.
René-Robert Yvon, 27 ans, était détenu à l'Établissement de détention de Montréal pour une tentative de meurtre survenue le 16 février 2007. Alors intoxiqué, il avait poignardé sa conjointe de l'époque.
«Quand il consommait, il devenait une tout autre personne», dit sa cousine, Rachel Quenneville, pour expliquer le crime.
Douleurs au ventre et à la poitrine
Dimanche, René-Robert Yvon a appelé sa mère et sa grand-mère. Il s'est plaint de douleurs à la poitrine et d'un malaise général.» Il m'a dit : Je ne sais pas ce que j'ai, mais j'ai mal», raconte sa mère, Marie Fasciano.
Son fils, qui faisait de la haute pression, lui a expliqué qu'il avait vu une infirmière à l'infirmerie le jour même et qu'elle lui avait répondu qu'il ne pourrait voir un médecin avant le mercredi, le médecin n'étant pas à la prison tous les jours. Information confirmée par des sources du milieu.
Le lendemain, lundi, le détenu a quand même travaillé à la buanderie. Il s'est encore plaint de douleurs à la poitrine et au ventre au personnel de la prison et à un oncle. Mais il n'a pas pu voir un médecin.
Mardi matin, René- Robert Yvon s'est écroulé, inanimé. Le personnel lui a prodigué les soins d'urgence mais son décès a été constaté après son transport à l'hôpital.
Une autopsie a été pratiquée mercredi, et la coroner Michelle Houde enquête sur ce décès. Il a été impossible pour le Journal de parler à la coroner hier mais selon nos sources, Mme Houde aurait indiqué à la famille que le détenu souffrait vraisemblablement d'une malformation à l'aorte jamais diagnostiquée. Il aurait peut-être subi une hémorragie après la rupture de l'aorte.
«Dans mon coeur, je suis convaincue qu'il y a eu négligence. C'est terrible, ça. Peu importe qui ils sont ou ce qu'ils ont fait, les détenus sont des humains. Ils méritent d'être soignés», lance la mère de René-Robert Yvon.
«Je ne veux pas que d'autres familles aient à vivre ça», ajoute-t-elle.
Pourtant, selon Mario Vaillancourt, du ministère de la Sécurité publique, le médecin n'est pas à la prison 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, mais il est disponible sur appel pour des urgences. Et des cliniques médicales ont lieu 6 jours sur 7 à la prison.
«Le ministre déplore chaque décès qui survient dans des centres de détention, a dit Éric Tétreault, chef de cabinet du ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis. Un décès, c'est un décès de trop. L'urgence, en ce moment, c'est de déterminer les circonstances exactes de ce qui s'est produit, avec un rapport complet, pour être capable de faire les gestes appropriés. Le ministre attend le rapport dans les prochains jours.»