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 La plus courte nuit de M. Van Thaïe [cocasse] :P

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Kali.SsBbw
Grisettes de Montpellier
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La plus courte nuit de M. Van Thaïe [cocasse] :P Empty
MessageSujet: La plus courte nuit de M. Van Thaïe [cocasse] :P   La plus courte nuit de M. Van Thaïe [cocasse] :P Icon_minitimeLun 11 Juin - 14:01

Claude Thomas



Monsieur Van Thaïe, Jules de son petit nom, avait du boulot par-dessus les épaules. Il trimait ainsi tous les jours, de l'aube au crépuscule, sans même un instant de relâche, sans même une petite pause pour satisfaire un besoin naturel. Boire ou manger pendant son service ? Mieux valait ne pas y songer ! Et en été les journées sont longues, mais longues ! Heureusement, il était au grand air, c'était toujours ça. Il n'aurait jamais supporté d'être confiné à l'intérieur alors qu'il y avait tant à faire dans les champs. L'hiver, il devenait neurasthénique à force de rester confiné à l'intérieur de la ferme. Monsieur Van Thaïe avait besoin de travailler pour se sentir vivre, et plus il travaillait dur, plus il se sentait vivre fort. Sa femme, Alphonsine, était exactement du même avis. Elle exerçait d'ailleurs le même métier que son mari. Chaque année, au printemps, après une morte saison passée à ne rien faire ou presque, le couple se remettait à l'ouvrage avec entrain. Plusieurs mois de dur labeur les attendaient durant lesquels ils n'auraient plus de temps à consacrer à autre chose. C'était ça ou la ruine de l'exploitation agricole, et cette ruine aurait signifié leur renvoi définitif. Ils n'avaient donc pas d'autre choix que de faire le travail qui leur était assigné, et de le faire bien !

La fonction qu'ils exerçaient ne nécessitait pas d'aptitudes intellectuelles particulières, pas plus qu'une grande force physique, mais ils devaient faire preuve d'une vigilance de tous les instants. Monsieur Van Thaïe jeta un regard noir au moineau qui depuis un moment tentait de décortiquer un épi de blé même pas mûr. Le volatile s'envola, effrayé par ce regard chargé de haine. Quelle engeance ces moineaux ! Des voleurs, des détrousseurs. Une véritable calamité qui, si on n'y prenait pas garde, pouvait faire baisser le rendement des récoltes de façon drastique.

Monsieur Van Thaïe fit un clin d'œil à sa femme qui se trouvait à une cinquantaine de mètres dans l'autre champ, situé de l'autre côté du chemin. Elle travaillait quant à elle dans un champ de maïs. Malgré la distance, elle remarqua le signe discret de son époux. Ils étaient tellement habitués à communiquer de cette façon qu'elle comprit immédiatement le sens à donner à ce signe. Un mouvement ferme, unique et rapide de la paupière gauche signifiait " je suis en forme, le boulot avance bien ". Un mouvement lent et répété du droit signifiait " je suis fatigué, vivement ce soir qu'on se couche ". Un double haussement des sourcils voulait dire " attention, ennemi en approche ". Un double plissement, qui donnait au regard un aspect langoureux, signifiait " j'ai envie de toi, ça va être ta fête ce soir ". Et il y avait encore bien d'autres signes dont eux seuls avaient le secret. Avec la distance qui les séparait, ces insignifiants changements de physionomie auraient pu passer pour de simples jeux d'ombres. Peut-être était-ce d'ailleurs le cas, ou peut-être pas ! Quoi qu'il en soit, ils interprétaient à leur façon ces signaux dont personne d'autre ne soupçonnait l'existence. Ce n'était pas qu'il leur fût formellement interdit de communiquer, mais leur travail nécessitait une telle vigilance qu'ils n'avaient guère le loisir de se disperser en gestes ou en palabres inutiles. Ils se rattrapaient le soir venu. Dès que le soleil disparaissait derrière l'horizon, Jules rejoignait sa femme et ce qu'ils faisaient à partir de ce moment là relevait uniquement de leur vie privée…

Ce jour-là, comme tous les autres jours, Jules scrutait attentivement le terrain qu'il était chargé de surveiller. Alphonsine faisait de même dans le champ voisin. Jules avait déjà fait plusieurs fois le double plissement langoureux des paupières et Alphonsine savait donc à quoi s'en tenir pour ce soir. Attendre, surveiller, attendre, surveiller encore, chasser les intrus et cligner de l'œil, c'était tout ce qu'il y avait à faire, mais il fallait bien quelqu'un pour le faire. Le soleil était déjà haut dans un ciel parfaitement azuré lorsque plusieurs personnes arrivèrent sur le chemin séparant le champ de maïs du champ de blé. Monsieur Van Thaïe reconnut immédiatement Maître Arnault Delecour, sa femme Sophie Valette et leurs trois enfants, trois gamins de sept, neuf et douze ans. Comme tous les garnements du monde, dès que les adultes avaient le dos tourné, ceux-là n'hésitaient pas à faire la course au beau milieu des cultures. Si le maïs résistait assez bien à ces jeunes assauts, il n'en allait pas de même des récoltes plus tendres dont Jules avait la garde. Il y avait donc danger si les parents oubliaient un seul instant de surveiller leur turbulente progéniture. Jules fit le signal pour prévenir sa femme mais elle avait repéré, tout comme lui, l'approche des cinq promeneurs. Il fit alors les gros yeux en direction des trois chenapans qui, depuis le chemin, le fixaient en se murmurant à l'oreille de sombres projets. Il pouvait difficilement en faire plus. Maître Delecour était le propriétaire des plantations, et malgré les ordres reçus il était toujours délicat de s'en prendre aux rejetons du patron !

À n'en pas douter, ils se moquaient de sa dégaine, comme toujours ! Il faut dire que Jules Van Thaïe ne payait pas de mine avec son chapeau démodé, son ample pardessus couleur mastic dont les pans voltigeaient au gré de la moindre brise, et ses bras démesurés qui le faisaient un peu ressembler à un grand singe. Mais quoi, il n'allait tout de même pas s'endimancher pour venir travailler au champ ! Alphonsine n'avait pas meilleure allure avec son fichu décoloré par trop de soleil et sa longue robe tout empoussiérée. Par chance, le groupe passa son chemin, entraîné par le père qui, pour une raison inconnue, voulait absolument atteindre la petite éminence située au tournant du chemin. Les trois garnements eurent néanmoins le temps de chausser chacun une paire de lunette noire et d'envoyer une bordée de grimaces à l'attention de Jules et d'Alphonsine, impassibles.

Un certain temps passa et Monsieur Van Thaïe se prit à rêver de choses et d'autres. Pour être exact, ses pensées tournaient résolument autour du même désir : il avait une folle envie de rejoindre Alphonsine et de lui trousser gaillardement sa vieille cotte par-dessus la tête. Vivement ce soir, se répétait-il en plissant des paupières comme un matou énamouré. Combien de temps demeura-t-il ainsi absorbé dans ses pensées, sa vigilance au niveau le plus bas ? Voilà qui est impossible à dire ! Lorsqu'il retrouva enfin ses esprits, le ciel s'était considérablement obscurci. Le temps avait fraîchi. La nature s'était assoupie. Le crépuscule s'installait et dans moins d'une minute il pourrait cesser son travail et rejoindre Alphonsine. Cela l'étonna un peu car il n'avait pas eu l'impression qu'autant de temps s'était écoulé. Néanmoins, le fait qu'il se fût laissé aller à rêvasser au lieu de surveiller attentivement le terrain ne semblait pas avoir eu de conséquences fâcheuses. Il haussa ses larges épaules, fataliste. La nuit était à présent installée et il se hâta de rejoindre Alphonsine. Il traversa le chemin et s'enfonça dans le champ de maïs, se faufilant entre les plants. Sa femme l'attendait. Il était plus que jamais habité d'un puissant désir charnel et il entreprit sur-le-champ de lui prouver son amour.

Quelle ne fut pas sa stupéfaction quand, après seulement quelques minutes de jouissance, le jour revint plus lumineux et plus chaud que jamais ! Une nuit qui ne dure que quelques minutes, avait-on jamais vu cela ? Il se sentit soudainement très piteux, dans ce champ de maïs inondé de lumière et toujours perché dans une position sans équivoque sur sa brave Alphonsine, laquelle n'en revenait pas non plus de cet incroyable mystère. Comme par hasard, Maître Delecour et sa famille revenaient déjà par le même chemin. Il n'était plus temps pour Jules de regagner son poste de surveillance attitré et il fut bien forcé de demeurer ainsi, debout à coté de son épouse, après avoir l'un et l'autre rajusté quelque peu leur mise.

- Ça alors, quelqu'un a déplacé Jules pendant l'éclipse !, s'étonna le propriétaire en arrivant à la hauteur des époux Van Thaïe, tandis que les trois garnements, eux, gloussaient sous cape.





FIN
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