Petit précis de cuisine Elfique... ( L et Y Germain )

C'était un aprés-midi d'octobre...

Il me prit une envie de forêt, de sentiers couverts de feuilles mortes
où l'on marche à grands pas en faisant voler ces reliefs de belle
saison.

Et puis c'était l'époque des champignons. Je me munis donc d'un panier, d'un couteau et claquai la porte.

Quelques instants plus tard, je baignai dans les senteurs d'automne et
me mis à farfouiller les alentours en quête de bolets, mousserons,
lépiotes, golmottes et autres compagnons de bois.

Trois gouttes sur mon nez, la pluie s'en venait.

J'avisais un tertre surmonté d'un grand chêne dont les racines
coiffaient les vestiges d'un mur. En son centre, un ancien foyer
m'offrait l'abri de son manteau.

Comme je m'adossai au fond de l'âtre, une pierre à moitié descellée
tomba, révélant une seconde paroi, un double mur ! J'aventurai mon bras
au travers du trou et explorai timidement le fond : de la terre... des
cailloux... des brindilles... Hiiii ! froid ! du métal... du métal ?

Plongeant les deux mains, j'en sorti...

Un coffret ! une planquette... un trésor... OOOOOOOOOOOhhhhhhh........

... Et à l'intérieur...

"Il fut dit que lorsque humanerie tiendrait nourrissement...

En grand oubliement le livre des mangeries...

Un des leurs découvrit..."

Aux confins de la Faërie, dans les profondeurs brumeuses, la rumeur elfique court...

Elle murmure, elle chuchotte...

Que les hommes sont en péril de malevie.
Qu'ils perdent le goût...
Au détour d'un buisson, mes oreilles, qui sont longues et pointues,
Ont bien entendu...

Moi, µ¤~¤, Lutin gourmet et
Marmouset de grande renommée, cueilleur, farceur, mitonneur,
Cuisineur, fricasseur, goûteur et phraseur à mes heures...

Ai donc décidé, le petit peuple ayant agréé,
De vous concocter ce livret de secrettes façonneries,
Rondelettes goûteries, doucettes lichouseries et autres recettes jolies.

Car s'il est vrai que nous devenons ce que nous mangeons,

Nous autres, qui en petit pays vivons,
Voulons de bonne constitution restiez,
Afin que mieux puissions vous lutiner...

A bon entendeur............

Petit précis de cuisine Elfique... ( L et Y Germain ) Fa0b6ef390br5

Une gelée de pommes merveilleusement excellente :

6kg de pommes écarlates,
250 grammes de cerneaux de noix,
2 bâtons de cannelle,
1 citron
sucre (850 gr par litre de jus) et du calvados ou de la gnõle fruitée.

Découper en quartiers égaux les pommes lavées mais toujours avec leur peau.
Mettre dans une jolie bassine avec les pépins écrasés et citronner.
Noyer d'eau.
Provoquer ébullition et laisser cuire avec douceur pour que les fruits soient fondants.
Mettre dans une mousseline (sans presser), patienter quelques heures de façon à recueillir tout le jus.
Réembassiner
avec la dose de sucre qui convient ; cannelle et noix nageant parmi,
une vingtaine de minutes en écumant (garder l'écume, elle est
remarquablement bonne).

Mettre dans de jolis pots * et recouvrir d'une petite cuillerée de calvados la gelée refroidie.

Fermer.

Dessiner de coquettes étiquettes et marquer dessus :

"Gelée de pommes merveilleusement excellente"

* primordial

Celui qui au dernier soleil d’automne trop caracole,

Celui-là se devra de quérir ces quelques bricoles ;

Deux panacées

Pour goutte au nez

Gros rhume de cerveau

Le Paotr Penn~Er~Lo

Se soigne au pavot.

Au cours de mes pérégrinations, je me suis retrouvé à arpenter la presqu’île de Quiberon. J’y ai rencontré un d’entre les Korils ; dénommé le Paotr~Er~Lo. Son occupation favorite est de faire tomber les voyageurs à l’eau. Entre deux joyeux hurlements, quelques éclaboussements, il s’enrhume souvent.

Pour parer à ce nasal désagrément, il dispose d’un remède dont je vous livre la teneur dès à présent :

Pour
300g de paste (à tartiner), il faut 125 g de sucre, 15 cl de lait cru
(ou d’eau), 75 g de raisins séchés hachés. 2 cuillers à soupe de miel,
125 g de graines de pavot.

Sur un feu vif, entre trois pierres, le Paotr~Penn~er~Lo mélange dans une grosse coquille d’huître, (on peut aussi utiliser une casserole).

Le
sucre et le lait, après ébullition douce (5 mn en remuant) il y met
graines, raisins et miel, toujours en tournant, un œil aux aguets pour
repérer d’infortunés voyageurs, il rebout sa mixture trois minutes
encore, car elle doit épaissir. Une victime à l’horizon, il s’en va
jouer de séduction pour lui faire un tour à sa façon. Quand il
reviendra, le mélange sera froid, il pourra en garnir quelques crêpes
de froment, dont il est très friand.

Maintenant plus efficace

Mais prévoir quelques grimaces

Une solution au jus de limaces

Du fond de ses marais stagnants, courbant le dos,

Le DrougSperet, mi loup garou, mi surmulot,

Lorsqu’il est souffreteux, récolte des escargots.

Un
torchon propre, du sucre fort, des escargots baveux à souhait et un
grand bol. Au centre du torchon, on fait un tas d’escargots avec du
sucre parmi, on relève les quatre coins, on fait un nœud et on suspend
le torchon ainsi obtenu bien au-dessus du bol. On laisse blaver une
nuit durant, au matin, on avale ce délicieux médicament.

Chez le petit peuple, il est bien connu que si une Margot la Fée se prend à fabriquer ce très excellent gâteau,
c’est que celui à qui elle le destine, heureux soit il, a trouvé le
chemin de son cœur. Voici donc comment elle procède ; lorsqu’elle juge
la lune propice, la Margot la Fée va faire rapine des menues choses
ci-après : au moulin cette rusée dérobe juste 250grammes de bonne
farine complète. A la ferme, elle fait main basse sur 125grs de beurre bien jaune, au passage elle prend
au poulailler 6 œufs de poule noire ; elle finit par une visite à
l’étable pour demander à la plus aimable des vaches** 75cl de son lait.

En
son retournant à sa maison, elle puise 10cl d’eau claire à la source et
va voir si les abeilles peuvent lui céder 300grms de miel (de bruyère
bien sûr).

Toute
Margot la Fée qui se respecte tient réserve de poudre fine de cannelle
et de flacons d’eau de roses blanches. Une fois chez elle, la Margot la
Fée revêt une robe rouge et peigne sa chevelure en deux longues
tresses ; afin d’œuvrer à son aise de la manière qui suit : elle
morcelle menu le beurre froid, qu’elle mélange à la farine pour que
cela fasse comme de la sciure, elle rajoute l’eau avec une pincée de sel parmi et patouille vivement du bout des doigts, pas trop longtemps.
Lorsqu’elle
constate que c’est homogène assez, elle enveloppe le pâton dans un
linge et laisse au frais, deux heures bien sonnées. Tout ceci achevé,
cette coquette va alors se recoiffer et vaquer à ses activités de fées…

De
retour dans sa cuisine, elle abaisse la pâte, la dispose joliment dans
un moule à haut bord, avec des haricots dedans pour que la dite pâte
reste bien droite comme il faut, et enfourne dans un four bien chaud
(220°), 21 minutes durant. Pendant
ce temps, elle fait une belle mélangerie avec le jaune des œufs, et le
miel et le lait et une peu de poudre de cannelle. Puis elle retire le
moule du four et les haricots
de la pâte, qu’elle remplace par sa composition pour tout réenfourner
en comptant à peu-près 1 heure, afin que cela cuise comme doit cuire
une tarte et en surveillant bien bien que cela ne tourne pas en brûlé.
La cuisson achevée, la Margot la Fée asperge son gâteau de 3 cuillerées
d’eau de roses, c’est là son secret. Ensuite elle danse sa danse de fée
bien contente.

Si d’aventure, elle vous en sert une assiette, réjouissez-vous,
Si dans la pâte elle a mis de la poudre de noisettes,
Elle vous aime d’un amour fou.
Si le gâteau a cuit dans un plat d’or fin,
Alors là je ne réponds plus de rien…

** Rousse la vache

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Sandre aux Cèpes

La Dour Groac’h est un esprit aquatique dont le seul nom provoque grand frisson aux enfantelets natifs d’Elfaërie.

Ouf qu’elle n’habite que dans une rivière du kaetdilj (actuellement Le Huelgoat).

Si
d’aventure une baignade dans ces eaux vous tente, il faut absolument
lui faire cette offrande (recette soufflée par les elfes du coin) :

Réunir par une journée de grand vent (autrement la Dour Groac’h vous sent) les ingrédients suivants :

~ 1 filet de sandre avec sa peau (157g)
~
Le même poids de cèpes bien jeunes (s’ils ont poussés en rond, ne pas
les cueillir c’est le cercle des fées, si on les prend, elles n’auront
plus d’endroit pour danser), du beurre aussi du sel, du poivre, de
l’huile de noix et de l’huile de truffe.

Faite
revenir les cèpes émincés au beurre pour qu’ils soient d’un beau doré
et d’un léger croustillant, saler, poivrer, trois pas de bourrée.

Dans
un ustensile de cuisson plat et froid enduit d’huile de noix, coucher
le filet de poisson (côté peau). Saler, poivrer, chauffer à feu vif 5 à
7 minutes complètes, en chantant à tue-tête. Retourner 30 secondes (on
peut faire une ronde).

Disposez sur une assiette d’étain avec les cèpes, arroser d’un filer d’huile de truffe.

Mettre l’assiette sur un radeau de roseau et attendre que la Groac’h s’en empare,
mais attention que le plat ne soit pas froid
et que le radeau flotte bien droit, car sinon la Groac’h vous mangera.

La Groac’h n’est vraiment pas du tout rigolote, de l’avoir vue une fois, toujours j’en grelotte.

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Truffes dessous la cendre

Brossons et lavons six truffes, séchons dans un torchon.

Trois feuilles de papier métal, enduites de graisse d’oie, superposons.

Ainsi faisons un nid pour chaque champignon. Y posons un petit bout de barde de lard.

Y mettons une truffe, un filet d’armagnac et refermons.

Sous la cendre très chaude, sans braise, cuisons.

Une moitié d’heure plus tard, mangeons.

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Picotis de coprins

Quelques coprins chevelus très jeunes épluchés, trempés un peu en eau vinaigrée, rincés, émincés.
Deux doses d’huile de noisette, une dose de vinaigre de vin vieux, une larme de forte moutarde, herbes fraîches de saison, du tout faire mélangerie onctueuse. Arroser les premiers de la seconde.

Pour faire joli, rajouter quelques jeunes giroles.

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Fines tartelettes aux cèpes.

De la pâte feuilletée que l’on étale finfinfin (trois millimètres) et que l’on découpe en ronds (dix centimètres). Des cèpes dont on fait des lamelles très fines aussi, pour les disposer en harmonieuses rosaces sur les cercles de pâte.

Du beurre fondu dont on nappe le tout et du parmesan (ou autre) que l’on poudre au dessus.

Du sel et du poivre aussi comme on veut. Un four que l’on chauffe bien à
deux cents degrés pour y mettre les tartelettes, vingt minutes environ (des fois moins)(surveiller).

De la fleur de thym que l’on rajoute après cuisson, car elle est belle et bonne.

Pour les Frugivoraces

En premier lieu, du Ratafia de raisin :

5 décilitres d'eau de vie qui arrache

1 gramme de canelle écrabouillée

7 clous de girofles

40 grains de coriandre.

Toutes ces choses dans un flacon (petit) vont macérer une quinzaine de nuits, puis seront tamisées.

5 livres de raisin vont chauffer doucement au sein d'une marmitte jusqu'à crevaison (remuer tout du long), pour être passées au moulin à légumes et philtrées. Laissez refroidir ce jus.

Les deux préparations seront intimement mêlées dans un flacon (grand) pendant une lunaison avant filtration.

400 grs de sucre brun seront ajoutés pour une semaine durant laquelle il faudra agiter de temps à autre. Tamisage de retour avec nous, embouteillage, attente de quelques semaines ou mois ; plus on attendra, au meilleur ce sera.

En second lieu, des brochettes (de raisin aussi) :

Un grain de raisin, un bout de fromage (emmental ou cantal), un grain de raisin, un bout de fromage etc...

Une fois obtenues de belles brochettes, on les entoure d'une ou deux fines tranchettes de lard et on fait griller dans la cheminée.

En troisième lieu , une tarte fine (fromage et fruit) :

125 grs de pate feuilletée,

10 gr de beurre,

2 poires,

1/2 citron,

1/2 maroilles,

1 petite cuiller de cumin,

sel

poivre

1 rouleau à patisserie

Faire un grand rond, très plat et très fin avec la pâte.

Apposer celui çi sur une plaque beurrée.

Epeler les poires, retirer le coeur, faire des lamelles bien fines avec leur chair juteuse, se lécher les doigts, citronner, réserver.

Ecrouter le fromage, faire encore des lamelles fines. Sur la pâte, ranger élégamment fromage et fruits en les alternants, saler et poivrer comme il vous plaît.

Installer dans un four déjà bien chaud (180°), laisser 10 minutes.

Servir brûlant

Ah ! J'oubliais... Saupoudrez de cumin parfumé, avant de vous ruer sur ce chef d'oeuvre au bouquet affriolant.

Dans la nuit du 21 juin, ondulent au flanc des collines d'étranges serpents de lumière.

Le petit peuple s'est mis en marche.

Ils sont tous là, ceux des bois, ceux des eaux, ceux des airs, les sous terrains, les invisibles..., réunis pour la grande communion Terre-Ciel qui a lieu cette nuit-là.

Tous portent flambeaux en cheminant vers les sommets étoilés, à la mi-nuit ils embraseront le ciel d'une nuée d'astres nouveaux, apportant ainsi leur contribution au flamboiement céleste couronnant l'éphémère nuit de solstice, la plus courte de l'année.

C'est là l'occasion de multiples réjouissances, de danses effrénées autour des hauts brasiers, sur lesquels se mitonneront, quand les flammes dormiront, diverses préparations réunissant en subtile alchimie les fruits de la terre, de la mer et du ciel.

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