Les frontières de la France

Il y a 240 ans, le 23 février 1766, la Lorraine était rattachée à la France, qui prenait presque l'allure d'hexagone que nous lui connaissons aujourd'hui. Comment est-on passé du mouchoir de poche d'Hugues Capet aux frontières d'aujourd'hui ?

De Charlemagne à Philippe Auguste

En 843, l'immense empire de Charlemagne est partagé entre ses petits-fils. Charles prend ce qui va désormais s'appeler la France et qui représente approximativement tout ce qui est à gauche d'une ligne qui va de Bruges à Nîmes. Mais chaque région est gouvernée par un seigneur parfois largement sinon plus puissant que le roi. Lorsque ces seigneurs se donnent Hugues Capet pour roi en 987, ils choisissent un suzerain qui n'a guère de territoire en propre : le domaine royal au sens strict va seulement de Paris à Orléans… Philippe Auguste, de 1180 à 1223, sait y ajouter la Normandie, le Maine, l'Anjou, la Touraine, l'Auvergne et la Picardie. Entretemps en revanche, Poitou et Guyenne, jusqu'aux Pyrénées, sont devenus possessions anglaises.

De la guerre de Cent Ans à Louis XI

Si le roi de France a acquis un siècle plus tard le Dauphiné par héritage, l'Aquitaine et Calais sont dans le domaine anglais. Le roi d'Angleterre en réclame pleine possession, refuse de reconnaître la suzeraineté du roi de France : c'est le début de la fameuse guerre de Cent Ans, qui, à un moment donné, réduit tellement le territoire que le roi de France est appelé par dérision " le roi de Bourges ", les Anglais s'étant rendus maîtres de la moitié nord du pays jusqu'à la Loire, Orléans compris. Comme on le sait, les Anglais sont finalement chassés, la Normandie et la Guyenne redeviennent frarnçaises et Louis XI donne au pays une allure plus vaste, intégrant aussi au domaine royal la Bourgogne, la Picardie et la Provence.

L'esquisse de la physionomie actuelle à l'Ouest et au Sud

Avec le mariage en 1491 de la duchesse Anne de Bretagne au roi de France Charles VIII, la Bretagne se lie à la France et en devient partie intégrante en 1532 : les frontières atlantiques du pays sont désormais celles que nous lui connaissons.
Côté Méditerranée, la France ressemble aussi à celle d'aujourd'hui, à quelques exceptions près : la Corse ne devient française qu'en 1768 ; Avignon et le Comtat venaissin à la Révolution seulement, par un vote favorable des habitants en 1791 ; Nice encore plus tard, sous le Second Empire, en 1860, là aussi par un référendum.
Côté Pyrénées, le Béarn et la Basse-Navare, possessions personnelles d'Henri IV, sont rattachés à la France en 1629, peu après sa mort. Enfin, le traité des Pyrénées de 1659 fixe définitivement la frontière entre l'Espagne et la France.

Au Nord et à l'Est

Au Nord et à l'Est, les contours sont longtemps plus fluctuants. De la mer du Nord à l'Alsace, les guerres sont incessantes avec les grands États voisins jusqu'au milieu du XVIIIème siècle, avec des frontières modifiées à l'issue de chaque conflit. En 1648, la France obtient l'Alsace (sauf Strasbourg) à la fin de la guerre de Trente Ans. A la fin de celle contre les Espagnols en 1659, Louis XIV récupère l'Artois. De haute lutte, il gagne aussi la Franche-Comté, l'ouest des Flandres et du Hainaut. Quant à la Lorraine, c'est pacifiquement qu'elle devient français, par le mariage de Louis XV avec la fille du duc de Lorraine : le rattachement se fait en 1766, donnant presque à la France sa physionomie actuelle. Il ne reste à venir que le rattachement de la Savoie à la France, effectif en 1860, sous le Second Empire, par un référendum identique à celui du comté de Nice.

Une autre histoire…

Bien sûr, certains conflits majeurs ont pu modifier ces évolutions sur quelques années : les conquêtes napoléonniennes, par exemple, ont donné quelque temps à la France l'étendue d'un pays de 131 départements ! La défaite de 1870 a rattaché jusqu'en 1918 l'Alsace et la Moselle à la Prusse. Enfin, on n'a évoqué ici que l es contours de l'hexagone mais pas les conquêtes lointaines : Canada, Louisiane, terres africaines ou asiatiques… Mais ceci est une autre histoire…