Si la génétique est encore loin d'avoir clos
le débat entre inné et acquis, une chose est sûre: le
sexe d'une personne dépend des
chromosomes ! Les chromosomes sont
des brins d'ADN de différentes tailles. On les retrouve dans toutes
les cellules de notre corps. Ils servent à coder les
particularités génétiques des êtres vivants. On sait par exemple quel chromosome et
quelle partie de ce chromosome définit la couleur des yeux .
L'être humain possède
23 paires de chromosomes qui
ressemblent tous à un X, à une exception près. Contrairement à la femme,
l'homme possède une paire composée d'
un X et d'un autre chromosome
qui ressemble plutôt à
un Y. Lors de la fécondation, le futur enfant reçoit,
de son
père et de sa
mère, un représentant de chaque paire de chromosomes,
au hasard. S'il reçoit le chromosome
Y de son père, ce sera un garçon,
sinon naîtra une petite fille!
La génétique nous apprend donc que les
hommes transmettent tel quel leur
chromosome Y à leurs
fils.
L'histoire et la
généalogie nous apprennent par ailleurs qu'ils
transmettent aussi leur
nom à leurs enfants. Professeur à l'université
d'Oxford, le
docteur Brian Spykes utilise abondamment ces deux principes.
Il a étudié plusieurs familles en Angleterre et remonté leur histoire sur plusieurs
générations, ses conclusions sont étonnantes. Prenez par exemple deux hommes
portant un même nom de famille peu répandu, mais possédant chacun un chromosome
Y aux caractéristiques différentes, et bien on pourra émettre l'hypothèse que
l'un des ascendants est issu d'une
relation hors mariage!
Mais que tout le monde se rassure, ses études montrent
que cela représenterait
moins de 1% des cas par génération.
Si vous ajoutez à cela que les méthodes de
contraception de nos parents
étaient pour le moins aléatoires, les chiffres parlent en faveur de la
fidélité des femmes! Quant à celle des hommes, les études du généticien d'Oxford ne
disent rien...
Dans un premier temps, le professeur Sykes a demandé à 250 autres
"
Sykes" masculins choisis au hasard dans l'annuaire de se prélever quelques
cellules en grattant l'intérieur de la joue. Les 61 réponses qu'il a obtenues
présentaient des chromosomes Y avec un
même schéma génétique qui n'a pas été
retrouvé chez d'autres hommes. Le professeur en a conclu que tous les Sykes vivant
aujourd'hui descendent d'un
même ancêtre "Mr Sykes".
Cette découverte eut l'effet d'une surprise étonnante
auprès des
généalogistes. En effet, en Angleterre, les patronymes sont
apparus principalement entre 1250 et 1450, quand les paysans ont pu transmettre
la propriété de leurs terres à leurs enfants. "Sykes" comme beaucoup de noms,
est tiré de la
géographie:
c'est le nom d'un ruisseau frontalier du Yorkshire. Ainsi, les
généalogistes ont d'abord pensé que "Sykes" était un nom plus
couramment porté, un nom naturellement attribué à
plusieurs familles. La génétique prouve le contraire.
A l'aide de toutes ses recherches, le docteur Sykes croit
pouvoir mettre au point une méthode et aider la
police à résoudre
certaines affaires criminelles. Ainsi la généalogie alliée à la génétique permettrait
de réduire fortement la liste des suspects potentiels , voire carrément de
déterminer le nom du meurtrier ou du violeur, pour peu que celui-ci ait laissé quelques cellules
sur les lieux du crime!
Texte : Olivier Hergault