"De père en fils" : une formule toute faite qui exprime bien
l'éternelle idée d'une transmission de génération en génération. Un
nez, des yeux, une ressemblance bien sûr, mais aussi un nom, parfois un
patrimoine ou l'amour d'un métier.
De père en fils dans les noms de familleBien sûr, la transmission du nom (appelé longtemps patronyme,
c'est-à-dire "qui se transmet par le père") s'est faite par le père
pendant des siècles. Mais de nombreux noms évoquent en eux-mêmes cette notion de "fils de" : ceux qui commencent par Ab- en Bretagne (Abgral, Abiven...), par A- ou Au- dans le Berry (Ageorges, Aurousseau...), par De- (Dejean...), par Ben- dans le Maghreb (Benhamou, Benchetrit...), par O' ou Mac en Écosse (Mac Donald, O'Brien...), etc., renvoient tous à cette idée de filiation.
De père en fils en politique Les passions politiques aussi se transmettent de père en fils. John Adams,
successeur de George Washington à la présidence des États-Unis en 1797,
a pour fils John-Quincy Adams (1767-1848), sixième président des
États-Unis (1825-1829), ardent partisan de l'abolition de l'esclavage.
Le fils de John-Quincy, Charles-Francis Adams, devint membre du Congrès
(1858) puis ambassadeur.
De père en fils à la conquête du mondeL'un des principaux conquistadores portugais de l'Océan Indien,
Francisco de Almeida, poussa ses expéditions jusqu'en Afrique du Sud.
Il tomba à la tête de ses hommes lors d'un combat contre les Cafres en
1510. Son fils Don Lourenço d'Almeida l'accompagnait dans ses
aventures. D'une force herculéenne, il terrorisait les pirates et
marins barbaresques et indiens. La légende prétend qu'il aurait
pourfendu d'un seul coup de sabre un ennemi de la tête à la ceinture !
De père en fils pour l'aventure Alexandre-Antoine Davy de la Pailleterie (le vrai nom des Dumas) mène
une vie d'aventures aux Antilles et se brouille avec ses frères qui le
firent passer pour mort. Il vend ses enfants, nés d'une esclave, pour
payer son retour en France et se venger de ses frères. C'est plus
prosaïquement à l'aventure napoléonienne que participe son fils et
général Thomas-Alexandre Davy de la Pailleterie, dit Alexandre Dumas
(1762-1806). Aux générations suivantes, Alexandre Dumas père et fils
vivent l'aventure à travers leurs romans seulement : Les Trois
Mousquetaires, Le comte de Monte-Cristo, La Dame aux camélias… pour le
plus grand bonheur des lecteurs.
De père en fils pour la défense du paysCertaines familles servent dans l'armée de père en fils depuis des
siècles. C'est le cas de celle du navigateur Gérard d'Aboville, dont
l'ancêtre Bernardin d'Aboville (1681-1730), commandant d'artillerie et
gouverneur du château de Brest, est à l'origine de sept générations de
généraux et de colonels.
De père en fils en musiqueLe compositeur allemand Jean-Sébastien Bach (1685-1750) descend d'une
famille de compositeurs et d'organistes établie en Thuringe depuis le
XVIème siècle et qui ne compte pas moins de 76 musiciens !
En selle de père en filsOn trouve trois générations d'équitants dans la famille du champion
d'équitation Jonquères d'Oriola : Cadre noir à Saumur, cavaliers aux
Jeux olympiques, membres ou présidents de sociétés hippiques, etc. Tous
descendent d'un Joseph Jonquères, mort en 1895… d'une chute de cheval !
De père en fils dans le livre Les familles d'éditeurs sont nombreuses en France, comme Gallimard
(dont le nom signifie fort opportunément " écrivain public "). Les
familles d'imprimeurs aussi, comme les Mame à Tours, qui descendraient,
dit-on, d'un Syrien ayant obtenu le monopole de la rédaction des textes
pontificaux à Avignon au XVIIe siècle, et dont les descendants ont
dirigé l'entreprise jusqu'en 1970. Même chose pour les papetiers : la
famille Arthaud compte déjà huit générations de maîtres papetiers
auvergnats avant de s'industrialiser au début du XIXe siècle et de
passer à l'édition trois générations plus tard, avec Benjamin Arthaud
(1896-1983), fondateur des éditions du même nom.
De père en fils en médecineOn connaît aussi des familles de mandarins réputés… Les Debré par
exemple, ou les Ansiaux. Le premier connu, Nicolas Antoine Joseph
Ansiaux (1745-1825), était médecin du prince de Liège. Son fils
Nicolas-Gabriel créa une école de chirurgie à Liège. Nicolas-Joseph
(1802-1882), fils de Nicolas-Gabriel, se spécialisa dans les bandages
et dans les maladies des os à la tête du service chirurgical de
l'hôpital de Bavière. Enfin, son fils Oscar (1834-1879) donna des cours
de chirurgie à l'Université de Liège.
Bref, les pères transmettent tant de choses à leurs fils qu'il faudrait
une encyclopédie pour tout citer. Sans oublier la ressemblance, par
exemple la séduisante petite fossette au menton de l'acteur Kirk
Douglas et de son fils Mickael Douglas… Et vous ? Que vous a transmis
votre père ? Une passion ou un sourire ?