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 La Barbe-bleue

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~Dominique~
Grisettes de Montpellier
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~Dominique~


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Date d'inscription : 20/02/2007

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MessageSujet: La Barbe-bleue   La Barbe-bleue Icon_minitimeSam 10 Nov - 17:16

La Barbe-bleue
Conte

La Barbe-bleue 400pxbarbebleuec1ef18ye9





IL étoit une fois un homme
qui avoit de belles maisons à la ville et à la campagne ; de la
vaisselle d'or et d'argent, des meubles en broderies et des carrosses
tout dorés, mais par malheur cet homme avoit la barbe bleue ; cela le
rendait si laid et si horrible, qu'il n'étoit femme ni fille qui ne
s'enfuît devant lui. Une de ses voisines, dame de qualité, avoit deux
filles parfaitement belles. Il lui en demanda une en mariage, en lui
laissant le choix de celle qu'elle voudroit lui donner. Elles n'en
vouloient point toutes les deux, et se renvoyoient l'une à l'autre, ne
pouvant se résoudre à prendre un tel homme. Ce qui les dégoûtoit
encore, c'est qu'il avoit déjà épousé plusieurs femmes, et qu'on ne
savoit ce qu'elles étoient devenues. Barbe-bleue ; pour faire
connoissance, les mena avec leur mère et trois ou quatre de leurs
meilleures amies, et quelques jeunes gens du voisinage, à une de ses
maisons de campagne, où on demeura huit jours entiers. Ce n'étoit que
Promenades, que parties de chasse et de pêche, que danses, que festins,
et collations : on ne dormoit point, on passoit toute la nuit à se
faire des malices les uns aux autres : enfin tout alla si bien, que la
cadette commença à trouver que le maître du logis n'avoit plus de
barbe-bleue et que c'étoit un fort honnête homme. Dès que l'on fut de
retour à la ville, le mariage se conclut. Au bout d'un mois, Barbe
Bleue dit à sa femme qu'il étoit obligé de faire un voyage en Province,
de six semaines au moins, pour une affaire de conséquence, qu'il la
prioit de se bien divertir pendant son absence ; qu'elle fit venir ses
bonnes amies, qu'elle les menât à la campagne si elle vouloit, et que
par-tout elle fit bonne chère. Voilà, lui-dit-il, les clefs de
deux grands gardes meubles. Voilà celles de la vaisselle d'or et
d'argent qui ne sert pas tous les jours. Voilà celle de mes
coffres-forts, où est mon or et mon argent ; celle des cassetes où sont
mes pierreries ; et voilà le passe-partout de tous les appartemens.
Pour cette petite clef, c'est celle du cabinet au bout de la grande
gallerie de l'appartement bas. Ouvrez tout, allez par-tout ; mais pour
ce petit Cabinet, je vous défends d'y entrer, et je vous le
défends de telle sorte, que s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'est rien
que vous ne deviez attendre de ma colère. Elle promit d'observer
exactement tout ce qui venoit d'être ordonné, et lui, après l'avoir
embrassée, monta dans son carrosse et partit pour son voyage. Les
voisins et les bonnes amies n'attendirent pas qu'on les envoyât querir,
pour aller chez la jeune mariée, tant elles avoient d'impatience de
voir toutes les richesses de sa maison, n'ayant osé y venir pendant que
le mari y étoit, à cause de sa barbe-bleue qui leur faisoit peur. Les
voilà soudain à courir toutes les chambres, les cabinets, les
gardes-robes, toutes plus belles et plus riches les unes que les
autres. Elles montèrent ensuite au garde-meuble, où elles ne pouvoient
assez admirer le nombre et la beauté des tapisseries et des lits, des
sophas, des cabinets, des guéridons, des tables, et des miroirs où l'on
se voyoit des pieds à la tête, et dont les bordures, les unes de
glaces, les autres d'argent et de vermeil doré, étoient les plus belles
et les plus magnifiques qu'on eût jamais vues. Elles ne cessoient
d'exagérer et d'envier le bonheur de leur amie, qui cependant ne se
divertissoit point à voir toutes ces richesses, à cause de l'impatience
qu'elle avoit d'aller ouvrir le cabinet de l'appartement bas. Elle fut
si pressée de sa curiosité, que sans considérer qu'il étoit malhonnête
de laisser sa compagnie, elle y descendit par un escalier dérobé, et
avec une telle précipitation qu'elle pensa se rompre le col deux ou
trois fois. Arrivée à la porte du cabinet, elle s'y arrêta quelques
momens, songeant à la défense que son mari lui avoit faite, et
considérant qu'il pourroit lui arriver malheur d'avoir été
désobéissante, mais la tentation étoit si forte qu'elle ne put la
surmonter. Elle prend donc la petite clef, et ouvre en tremblant la
porte du cabinet. D'abord elle ne vit rien, parce que les fenêtres
étoient fermées. Après quelques instans, elle commença à voir que le
plancher étoit tout couvert de sang caillé, que réfléchissoit les corps
de plusieurs femmes mortes, et attachées le long des murs. C'étoient
toutes les femmes que Barbe-Bleue avoit épousées, et qu'il avoit
égorgées l'une après l'autre. Elle pensa mourir de peur, et la clef du
cabinet qu'elle venoît de retirer de la serrure, lui tomba de la main :
après avoir un peu repris ses esprits, elle ramassa la clef, referma la
porte, et monta à sa chambre pour se remettre un peu, mais elle n'en
put venir à bout, tant elle étoit émue. Ayant remarqué que la clef du
cabinet étoit tachée de sang, elle l'essuya deux ou trois fois ; mais
le sang ne s'en alloit point, elle eut beau la laver et même la frotter
avec du grès, il y demeuroit toujours du sang, car la clef étoit Fée ;
il n'y avoit pas moyen de la nétoyer tout-à-fait : quand on ôtoit le
sang d'un côté, il revenoit de l'autre. La Barbe-Bleue revint de son
voyage dès le soir même : il dit qu'il avoit reçu des lettres dans le
chemin, qui lui avoient appris que l'affaire pour laquelle il étoit
parti, venoit d'être terminée à son avantage. Sa femme fit ce qu'elle
put pour lui témoigner qu'elle étoit ravie de son prompt retour. Le
lendemain, il lui demanda les clefs, et elle les lui donna, mais d'une
main si tremblante, qu'il devina sans peine ce qui s'étoit passé.


D'où vient, lui dit-il, que la clef du cabinet n'est
point avec les autres ?

--- Il faut, dit-elle, que je l'aie laissée là haut sur ma table.

- Ne manquez pas, dit la Barbe-Bleue, de la donner
tantôt. Après plusieurs remise, il fallut apporter la clef. Barbe-Bleue
l'ayant considérée dit à sa Femme :

Pourquoi y a-t-il du sang sur cette clef ?

--- Je n'en sais rien- répondit la pauvre femme, plus pâle que la
mort.

--- Vous n'en savez rien, reprit Barbe-Bleue ? Je le sais bien,
moi : vous avez voulu entrer dans le cabinet : hé bien, Madame, vous y
entrerez, et irez prendre votre place auprès des dames que vous y avez
vues…

Elle se jetta aux pieds de son mari en pleurant, et en lui
demandant pardon avec toutes les marques d'un vrai repentir de n'avoir
pas été obéissante. Elle auroit attendri un tigre, belle affligée comme
elle étoit, mais la Barbe-Bleue avoit le coeur plus dur qu'un rocher ;
Il faut mourir, Madame, et tout à l'heure.

--- Puisqu'il faut mourir,
répondit elle en le regardant les yeux baignés de larmes, donnez-moi un
peu de temps pour prier Dieu.

--- Je vous donne un demi-quart d'heure,
reprit la Barbe-Bleue, pas un moment davantage.

Lorsqu'elle fut seule,
elle appella sa soeur et lui dit : Ma soeur Anne (car elle se nommoit
ainsi) monte, je te prie, sur le haut de la tour, pour voir si mes
Frères ne viennent pas ; ils m'ont promis qu'ils me viendroient te voir
aujourd'hui, si tu les vois, fais-leur : signe de se hâter…

La soeur Anne monta sur le haut de la tour, et la pauvre affligée lui crioit de
tems en tems,

Anne, ma soeur Anne, ne vois tu rien venir ?

et la soeur Anne répondit : Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et
l'herbe qui verdoie.

Cependant la Barbe-Bleue, tenant un grand coutelas à la main, crioit de toute sa force à sa femme :

Descends vite ou je monterai là haut.

--- Encore un moment, s'il vous plaît, lui répondit sa
Femme, et aussitôt elle crioit tout bas : Anne, ma soeur Anne ne vois-tu rien venir
: La soeur Anne répondit : Je ne vois rien, que le soleil qui poudroie
et l'herbe qui verdoie…

Descends donc (crioit la Barbe-Bleue) ou je
monterai. Je m'en vais, répondit la femme, et puis elle crioit ; Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?

Je vois, répondit sa soeur Anne, une grosse poussière qui vient de ce
côté-ci.

Ne sont-ce pas mes Frères ?

--- Hélas ! non, ma soeur, c'est un
troupeau de moutons.

Ne veux-tu pas descendre, crioit la Barbe-Bleue?

--- Encore un moment répondit la Femme, puis elle crioit,

Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?

Je vois, répondit-elle, deux Cavaliers qui viennent de ce côté-ci :
mais ils sont encore bien loin.

Dieu soit loué ! s'écria-t-il un moment
après :

ce sont mes Frères ! Je leur fais signe, tant que je puis, de
se hâter…

Barbe-Bleue se mit à crier si fort que toute la maison en
trembla.

La pauvre femme descendit, et se jeta à ses pieds toute
éplorée et échevelée.

Cela ne sert de rien, dit Barbe-Bleue, il faut
mourir ! puis la prenant d'une main par les cheveux, et de l'autre
levant le coutelas en l'air, il allait lui abbattre la tête.

La pauvre femme se tournant vers lui, et le regardant avec des yeux mourans, le pria de lui donner un petit moment pour se reconcilier.

Non, non, dit-il : recommande toi à Dieu. Et levant son bras…

Dans ce moment on
heurta si fort à la porte, que Barbe-Bleue s'arrêta tout court ; on
ouvrit, et soudain on vit entrer deux Cavaliers, qui mettant l'épée à
la main coururent droit â Barbe-Bleue, il reconnut que c'étaient les
frères de sa femme, l'un Dragon, l'autre Mousquetaire, de sorte qu'il
s'enfuit aussitôt pour se sauver : mais les deux frères le
poursuivirent, et l'attrapèrent avant qu'il pût gagner le perron. Ils
lui passèrent leurs épées à travers le corps, et le laissèrent mort. La
pauvre femme était presqu'aussi morte que son mari, n'ayant pas la
force de se lever pour embrasser ses frères. Il se trouva que
Barbe-Bleue n'avait point d'héritiers, et ainsi sa Femme demeura
maîtresse de tous ses biens. Elle en employa une partie à marier sa
soeur Anne avec un jeune Gentilhomme, dont elle étoit aimée depuis
longtems ; une autre partie à acheter des charges de Capitaine à ses
Frères, et le reste à se marier elle-même à un fort honnête homme, qui
lui fit oublier les mauvais tems qu'elle avoit passés avec la
Barbe-Bleue.

MORALITÉ


La curiosité malgré tous ses attraits

Coûte souvent bien des regrets,

On en voit tous les jours, mille exemples paraître

C'est, n'en déplaise au Sexe, un plaisir bien léger,

Dès qu'on le perd, il cesse d'être,

Et toujours il coûte trop cher.


Dernière édition par le Sam 10 Nov - 17:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Barbe-bleue   La Barbe-bleue Icon_minitimeJeu 15 Nov - 18:05

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