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 La belle au bois dormant

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~Dominique~
Grisettes de Montpellier
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~Dominique~


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MessageSujet: La belle au bois dormant   La belle au bois dormant Icon_minitimeSam 10 Nov - 17:25


La belle au bois dormant


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Conte



Il était une fois un Roi et une Reine, qui étaient si fâchés de n'avoir
point d'enfants, si fâchés qu'on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes
les eaux du monde; voeux, pèlerinages, menues dévotions, tout fut mis
en oeuvre, et rien n'y faisait.

Enfin pourtant la Reine devint grosse,
et accoucha d'une fille: on fit un beau Baptême; on donna pour
Marraines à la petite Princesse toutes les Fées qu'on pût trouver dans
le Pays (il s'en trouva sept), afin que chacune d'elles lui faisant un
don, comme c'était la coutume des Fées en ce temps-là, la Princesse eût
par ce moyen toutes les perfections imaginables. Après les cérémonies
du Baptême toute la compagnie revint au Palais du Roi, où il y avait un
grand festin pour les Fées. On mit devant chacune d'elles un couvert
magnifique, avec un étui d'or massif, où il y avait une cuiller, une
fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis.
Mais comme chacun prenait sa place à table, on vit entrer une vieille
Fée qu'on n'avait point priée parce qu'il y avait plus de cinquante ans
qu'elle n'était sortie d'une Tour et qu'on la croyait morte, ou
enchantée. Le Roi lui fit donner un couvert, mais il n'y eut pas moyen
de lui donner un étui d'or massif, comme aux autres, parce que l'on
n'en avait fait faire que sept pour les sept Fées. La vieille crut
qu'on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents. Une
des jeunes Fées qui se trouva auprès d'elle l'entendit, et jugeant
qu'elle pourrait donner quelque fâcheux don à la petite Princesse, alla
dès qu'on fut sorti de table se cacher derrière la tapisserie, afin de
parler la dernière, et de pouvoir réparer autant qu'il lui serait
possible le mal que la vieille aurait fait.

Cependant les Fées
commencèrent à faire leurs dons à la Princesse. La plus jeune lui donna
pour don qu'elle serait la plus belle personne du monde, celle d'après
qu'elle aurait de l'esprit comme un Ange, la troisième qu'elle aurait
une grâce admirable à tout ce qu'elle ferait, la quatrième qu'elle
danserait parfaitement bien, la cinquième qu'elle chanterait comme un
Rossignol, et la sixième qu'elle jouerait de toutes sortes
d'instruments dans la dernière perfection. Le rang de la vieille Fée
étant venu, elle dit, en branlant la tête encore plus de dépit que de
vieillesse, que la Princesse se percerait la main d'un fuseau, et
qu'elle en mourrait. Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et
il n'y eût personne qui ne pleurât. Dans ce moment la jeune Fée sortit
de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles:
"Rassurez-vous, Roi et Reine, votre fille n'en mourra pas; il est vrai
que je n'ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon
ancienne a fait.
La Princesse se percera la main d'un fuseau; mais au
lieu d'en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui
durera cent ans, au bout desquels le fils d'un Roi viendra la
réveiller." Le Roi, pour tâcher d'éviter le malheur annoncé par la
vieille, fit publier aussitôt un Edit, par lequel il défendait à toutes
personnes de filer au fuseau, ni d'avoir des fuseaux chez soi sur peine
de la vie. Au bout de quinze ou seize ans, le Roi et la Reine étant
allés à une de leurs Maisons de plaisance, il arriva que la jeune
Princesse courant un jour dans le Château, et montant de chambre en
chambre, alla jusqu'au haut d'un donjon dans un petit galetas, où une
bonne Vieille était seule à filer sa quenouille. Cette bonne femme
n'avait point oui parler des défenses que le Roi avait faites de filer
au fuseau. "Que faites-vous là, ma bonne femme? dit la Princesse. - Je
file, ma belle enfant, lui répondit la vieille qui ne la connaissait
pas. - Ah! que cela est joli, reprit la Princesse, comment faites-vous?
donnez-moi que je voie si j'en ferais bien autant." Elle n'eut pas plus
tôt pris le fuseau, que comme elle était fort vive, un peu étourdie, et
que d'ailleurs l'Arrêt des Fées l'ordonnait ainsi, elle s'en perça la
main, et tomba évanouie.

La bonne vieille, bien embarrassée, crie au
secours: on vient de tous côtés, on jette de l'eau au visage de la
Princesse, on la délace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte
les temples avec de l'eau de la Reine de Hongrie; mais rien ne la
faisait revenir. Alors le Roi, qui était monté au bruit, se souvint de
la prédiction des Fées, et jugeant bien qu'il fallait que cela arrivât,
puisque les Fées l'avaient dit, fit mettre la Princesse dans le plus
bel appartement du Palais, sur un lit en broderie d'or et d'argent. On
eût dit d'un Ange, tant elle était belle; car son évanouissement
n'avait pas ôté les couleurs vives de son teint: ses joues étaient
incarnates, et ses lèvres comme du corail; elle avait seulement les
yeux fermés, mais on l'entendait respirer doucement, ce qui faisait
voir qu'elle n'était pas morte. Le Roi ordonna qu'on la laissât dormir
en repos, jusqu'à ce que son heure de se réveiller fût venue.
La bonne
Fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans,
était dans le Royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque
l'accident arriva à la Princesse; mais elle en fut avertie en un
instant par un petit Nain, qui avait des bottes de sept lieues (c'était
des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d'une seule
enjambée). La Fée partit aussitôt, et on la vit au bout d'une heure
arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. Le Roi lui
alla présenter la main à la descente du chariot. Elle approuva tout ce
qu'il avait fait; mais comme elle était grandement prévoyante, elle
pensa que quand la Princesse viendrait à se réveiller, elle serait bien
embarrassée toute seule dans ce vieux Château: voici ce qu'elle fit.
Elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce Château (hors le
Roi et la Reine), Gouvernantes, Filles d'Honneur, Femmes de Chambre,
Gentilshommes, Officier, Maîtres d'Hôtel, Cuisiniers, Marmitons,
Galopins, Gardes, Suisses, Pages, Valets de pied; elle toucha aussi
tous les chevaux qui étaient dans les Ecuries, avec les Palefreniers,
les gros mâtins de basse-cour, de la petite Pouffe, petite chienne de
la Princesse, qui était auprès d'elle sur son lit. Dès qu'elle les eut
touchés, ils s'endormirent tous, pour ne se réveiller qu'en même temps
que leur Maîtresse, afin d'être tout prêts à le servir quand elle en
aurait besoin; les broches mêmes qui étaient au feu toutes pleines de
perdrix et de faisans s'endormirent, et le feu aussi.

Tout cela se fit
en un moment; les Fées n'étaient pas longues à leur besogne. Alors le
Roi et la Reine, après avoir baisé leur chère enfant sans qu'elle
s'éveillât, sortirent du Château, et firent publier des défenses à qui
que ce soit d'en approcher. Ces défenses n'étaient pas nécessaires, car
il crût dans un quart d'heure tout autour du parc une si grande
quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d'épines
entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n'y aurait pu
passer: en sorte qu'on ne voyait plus que le haut des Tours du Château,
encore n'était-ce que de bien loin. On ne douta point que la Fée n'eût
encore fait là un tour de son métier, afin que la Princesse, pendant
qu'elle dormirait, n'eût rien à craindre des Curieux.

Au bout de cent ans, le Fils du Roi qui régnait alors, et qui était
d'une autre famille que la Princesse endormie, étant allé à la chasse
de ce côté-là, demanda ce que c'était que des Tours qu'il voyait
au-dessus d'un grand bois fort épais; chacun lui répondit selon qu'il
en avait ouï parler. Les uns disaient que c'était un vieux Château où
il revenait des Esprits; les autres que tous les Sorciers de la contrée
y faisaient leur sabbat. La plus commune opinion était qu'un Ogre y
demeurait, et que là il emportait tous les enfants qu'il pouvait
attraper, pour les pouvoir manger à son aise, et sans qu'on le pût
suivre, ayant seul le pouvoir de se faire un passage au travers du
bois. Le Prince ne savait qu'en croire, lorsqu'un vieux Paysan prit la
parole, et lui dit: "Mon Prince, il y a plus de cinquante ans que j'ai
ouï dire à mon père qu'il y avait dans ce Château une Princesse, la
plus belle du monde; qu'elle y devait dormir cent ans, et qu'elle
serait réveillée par le fils d'un Roi, à qui elle était réservée." Le
jeune Prince, à ce discours, se sentit tout de feu; il crut sans
balancer qu'il mettrait fin à un si belle aventure; et poussé par
l'amour et par la gloire, il résolut de voir sur-le-champ ce qui en
était.

A peine s'avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres,
ces ronces et ces épines s'écartèrent d'elles-mêmes pour le laisser
passer: il marche vers le Château qu'il voyait au bout d'une grande
avenue où il entra, et ce qui le surprit un peu, il vit que personne de
ses gens ne l'avait pu suivre, parce que les arbres s'étaient
rapprochés dès qu'il avait été passé. Il ne laissa pas de continuer son
chemin: un Prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra
dans une grande avant-cour où tout ce qu'il vit d'abord était capable
de le glacer de crainte: c'était un silence affreux, l'image de la mort
s'y présentait partout, et ce n'était que des corps étendus d'hommes et
d'animaux, qui paraissaient morts. Il reconnut pourtant bien au nez
bourgeonné et à la face vermeille des Suisses, qu'ils n'étaient
qu'endormis, et leurs tasses où il y avait encore quelques gouttes de
vin montraient assez qu'ils s'étaient endormis en buvant. Il passe une
grande cour pavée de marbre, il monte l'escalier, il entre dans la
salle des Gardes qui étaient rangés en haie, la carabine sur l'épaule,
et ronflants de leur mieux.


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~Dominique~
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MessageSujet: Re: La belle au bois dormant   La belle au bois dormant Icon_minitimeSam 10 Nov - 17:26

Il traverse plusieurs chambres pleines de
Gentilshommes et de Dames, dormants tous, les uns debout, les autres
assis; il entre dans une chambre toute dorée, et il vit sur un lit,
dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle
qu'il eût jamais vu: une Princesse qui paraissait avoir quinze ou seize
ans, et dont l'éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et
de divin. Il s'approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux
auprès d'elle. Alors comme la fin de l'enchantement était venue, la
Princesse s'éveilla; et le regardant avec des yeux plus tendres qu'une
première vue ne semblait le permettre: "Est-ce vous, mon Prince? lui
dit-elle, vous vous êtes bien fait attendre." Le Prince charmé de ces
paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne
savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance; il l'assura
qu'il l'aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés, ils
en plurent davantage; peu d'éloquence, beaucoup d'amour. Il était plus
embarrassé qu'elle, et l'on ne doit pas s'en étonner; elle avait eu le
temps de songer à ce qu'elle aurait à lui dire, car il y a apparence
(l'Histoire n'en dit pourtant rien) que la bonne Fée, pendant un si
long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin
il y avait quatre heures qu'ils se parlaient, et ils ne s'étaient pas
encore dit la moitié des choses qu'ils avaient à se dire.

Cependant tout le Palais s'était réveillé avec la Princesse; chacun
songeait à faire sa charge, et comme ils n'étaient pas tous amoureux,
ils mouraient de faim; la Dame d'honneur, pressée comme les autres,
s'impatienta, et dit tout haut à la Princesse que la viande était
servie. Le Prince aida à la Princesse à se lever; elle était tout
habillée et fort magnifiquement; mais il se garda bien de lui dire
qu'elle était habillée comme ma mère-grand, et qu'elle avait un collet
monté; elle n'en était pas moins belle. Ils passèrent dans un Salon de
miroirs, et y soupèrent, servis par les Officiers de la Princesse; les
Violons et les Hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes,
quoiqu'il y eût près de cent ans qu'on ne les jouât plus; et après
soupé, sans perdre de temps, le grand Aumônier les maria dans la
Chapelle du Château, et la Dame d'honneur leur tira le rideau: ils
dormirent peu, la Princesse n'en avait pas grand besoin, et le Prince
la quitta dès le matin pour retourner à la Ville, où son Père devait
être en peine de lui.
Le Prince lui dit qu'en chassant il s'était perdu
dans la forêt, et qu'il avait couché dans la hutte d'un Charbonnier,
qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le Roi son père,
qui était bon homme, le crut, mais sa Mère n'en fut pas bien persuadée,
et voyant qu'il allait presque tous les jours à la chasse, et qu'il
avait toujours une raison en main pour s'excuser, quand il avait couché
deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu'il n'eût quelque
amourette: car il vécut avec la Princesse plus de deux ans entiers, et
en eut deux enfants, dont le premier, qui fut une fille, fut nommée
l'Aurore, et le second un fils, qu'on nomma le Jour, parce qu'il
paraissait encore plus beau que sa soeur. La Reine dit plusieurs fois à
son fils, pour le faire expliquer, qu'il fallait se contenter dans la
vie, mais il n'osa jamais se fier à elle de son secret; il la craignait
quoiqu'il l'aimât, car elle était de race Ogresse, et le Roi ne l'avait
épousée qu'à cause de ses grands biens; on disait même tout bas à la
Cour qu'elle avait les inclinations des Ogres, et qu'en voyant passer
de petits enfants, elle avait toutes les peines du monde à se retenir
de se jeter sur eux; ainsi le Prince ne voulut jamais rien dire. Mais
quand le Roi fut mort, ce qui arriva au bout de deux ans, et qu'il se
vit le maître, il déclara publiquement son Mariage, et alla en grande
cérémonie quérir la Reine sa femme dans son Château.
On lui fit une
entrée magnifique dans la Ville Capitale, où elle entra au milieu de
ses deux enfants. Quelque temps après le Roi alla faire la guerre à
l'Empereur Cantalabutte son voisin. Il laissa la Régence du Royaume à
la Reine sa mère, et lui recommanda fort sa femme et ses enfants: il
devait être à la guerre tout l'Eté, et dès qu'il fut parti, la
Reine-Mère envoya sa Bru et ses enfants à une maison de campagne dans
les bois, pour pouvoir plus aisément assouvir son horrible envie. Elle
y alla quelques jours après, et dit un soir à son Maître d'Hôtel: "Je
veux manger demain à mon dîner la petite Aurore. - Ah! Madame, dit le
Maître d'Hôtel. - Je le veux, dit la Reine (et elle le dit d'un ton
d'Ogresse qui a envie de manger de la chair fraîche), et je la veux
manger à la Sauce-robert." Ce pauvre homme voyant bien qu'il ne fallait
pas se jouer à une Ogresse, prit son grand couteau, et monta à la
chambre de la petite Aurore: elle avait pour lors quatre ans, et vint
en sautant et en riant se jeter à son col, et lui demander du bonbon.
Il se mit à pleurer, le couteau lui tomba des mains, et il alla dans la
basse-cour couper la gorge à un petit agneau, et lui fit une si bonne
sauce que sa Maîtresse l'assura qu'elle n'avait jamais rien mangé de si
bon.
Il avait emporté en même temps la petite Aurore, et l'avait donnée
à sa femme pour la cacher dans le logement qu'elle avait au fond de la
basse-cour. Huit jours après la méchante Reine dit à son Maître
d'Hôtel: "Je veux manger à mon souper le petit Jour." Il ne répliqua
pas, résolu de la tromper comme l'autre fois; il alla chercher le petit
Jour, et le trouva avec un petit fleuret à la main, dont il faisait des
armes avec un gros Singe; il n'avait pourtant que trois ans. Il le
porta à sa femme qui le cacha avec la petite Aurore, et donna à la
place du petit Jour un petit chevreau fort tendre, que l'Ogresse trouva
admirablement bon.

Cela était fort bien allé jusque-là; mais un soir cette méchante Reine
dit au Maître d'Hôtel: "Je veux manger la Reine à la même sauce que ses
enfants." Ce fut alors que le pauvre Maître d'Hôtel désespéra de la
pouvoir encore tromper. La jeune Reine avait vingt ans passés, sans
compter les cent ans qu'elle avait dormi: sa peau était un peu dure,
quoique belle et blanche; et le moyen de trouver dans la Ménagerie une
bête aussi dure que cela? Il prit la résolution, pour sauver sa vie, de
couper la gorge à la Reine, et monta dans sa chambre, dans l'intention
de n'en pas faire à deux fois; il s'excitait à la fureur, et entra le
poignard à la main dans la chambre de la jeune Reine. Il ne voulut
pourtant point la surprendre, et il lui dit avec beaucoup de respect
l'ordre qu'il avait reçu de la Reine-Mère. "Faites votre devoir, lui
dit-elle, en lui tendant le col; exécutez l'ordre qu'on vous a donné;
j'irai revoir mes enfants, mes pauvres enfants que j'ai tant aimés";
car elle les croyait morts depuis qu'on les avait enlevés sans lui rien
dire. "Non, non, Madame, lui répondit le pauvre Maître d'Hôtel tout
attendri, vous ne mourrez point, et vous ne laisserez pas d'aller
revoir vos chers enfants, mais ce sera chez moi où je les ai cachés, et
je tromperai encore la Reine, en lui faisant manger une jeune biche en
votre place." Il la mena aussitôt à sa chambre, où la laissant
embrasser ses enfants et pleurer avec eux, il alla accommoder une
biche, que la Reine mangea à son soupé, avec le même appétit que si
c'eût été la jeune Reine.

Elle était bien contente de sa cruauté, et
elle se préparait à dire au Roi, à son retour, que les loups enragés
avaient mangé la Reine sa femme et ses deux enfants.
Un soir qu'elle rôdait à son ordinaire dans les cours et basses-cours
du Château pour y halener quelque viande fraîche, elle entendit dans
une salle basse le petit Jour qui pleurait, parce que la Reine sa mère
le voulait faire fouetter, à cause qu'il avait été méchant, et elle
entendit aussi la petite Aurore qui demandait pardon pour son frère.
L'Ogresse reconnut la voix de la Reine et de ses enfants, et furieuse
d'avoir été trompée, elle commande dès le lendemain au matin, avec une
voix épouvantable qui faisait trembler tout le monde, qu'on apportât au
milieu de la cour une grande cuve, qu'elle fit remplir de crapauds, de
vipères, de couleuvres et de serpents, pour y faire jeter la Reine et
ses enfants, le Maître d'Hôtel, sa femme et sa servante: elle avait
donné ordre de les amener les mains liées derrière le dos. Ils étaient
là, et les bourreaux se préparaient à les jeter dans la cuve, lorsque
le Roi, qu'on n'attendait pas si tôt, entra dans la cour à cheval; il
était venu en poste, et demanda tout étonné ce que voulait dire cet
horrible spectacle; personne n'osait l'en instruire, quand l'Ogresse,
enragée de voir ce qu'elle voyait, se jeta elle-même la tête la
première dans la cuve, et fut dévorée en un instant par les vilaines
bêtes qu'elle y avait fait mettre. Le Roi ne laissa pas d'en être
fâché: elle était sa mère; mais il s'en consola bientôt avec sa belle
femme et ses enfants.


MORALITE


Attendre quelque temps pour avoir un Epoux,
Riche, bien fait, galant et doux,
La chose est assez naturelle,
Mais l'attendre cent ans, et toujours en dormant,
On ne trouve plus de femelle,
Qui dormît si tranquillement.

La Fable semble encor vouloir nous faire entendre,
Que souvent de l'Hymen les agréables noeuds,
Pour être différés, n'en sont pas moins heureux,
Et qu'on ne perd rien pour attendre;
Mais le sexe avec tant d'ardeur,
Aspire à la foi conjugale,
Que je n'ai pas la force ni le coeur,
De lui prêcher cette morale.
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Kali.SsBbw
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