À la rentrée, les écoles du Québec seront sur leurs gardes pour contrer les jeunes en quête de leurs 15 minutes de gloire qui tentent de provoquer leurs professeurs ou de faire éclater des food fights pour ensuite en diffuser les images dans Internet.
Les moindres faits et gestes qui se déroulent dans les écoles de la province sont susceptibles de se retrouver sur des sites comme YouTube grâce aux cellulaires, iPod, caméras numériques ou agendas électronique.
Réagissant au phénomène, la plupart des écoles interdisent désormais les gadgets dans leurs murs.
«Les codes de vie des écoles tiennent maintenant compte de la présence de ces technologies dans les classes», affirme Mario Asselin, ex-directeur d'école et spécialiste des technologies de l'information.
Cellulaires brouillés
Certains établissements, comme l'école secondaire Monseigneur-Richard, songent même à aller encore plus loin. La direction de l'institution pense à faire installer des appareils qui brouilleraient les téléphones portables sur l'étage des salles de classe.
«C'est facile pour les jeunes de provoquer une situation niaiseuse et de monter un bateau», affirme le directeur Richard Guillemette, qui a dû intervenir auprès d'élèves qui ont pris des photos de leurs profs avec leur cellulaire et les ont mises sur des sites comme Facebook.
Des intervenants en éducation sont préoccupés par cette nouvelle vague.
«C'est le phénomène à la mode. Pour moi, il est clair que ces actes sont d'une extrême violence», déplore Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec.
Pression
Le phénomène met de la pression sur les enseignants, qui développent même une certaine paranoïa d'être filmés en classe, affirme Gérald Boutin, professeur en éducation à l'UQAM.
«Les jeunes sont à la recherche de leur quart d'heure de gloire et ne se rendent pas compte de l'impact que leur conduite a sur leur enseignant», dénonce-t-il.
Michel Dumais, chroniqueur informatique, juge que les jeunes doivent être éduqués à l'utilisation des médias, comme YouTube.
«Avant de lancer quelque chose dans le Web, le jeune devrait se demander s'il serait prêt à le faire devant les 20 000 spectateurs du Centre Bell», dit-il.
QUELQUES CAS
Prestigieux collège
Un food fight s'est produit au collège L'Assomption le 11 juin. Fruits, légumes, poudings : tout y a passé lors de l'événement. Certains élèves avaient même fait l'achat de quatre desserts pour participer le plus possible à cette bataille de nourriture. Par mesure de sanction, dix élèves ont été privés de leur bal de finissants, ce qui a fait rager un groupe de parents.
4000$ de dommages!
Une bataille de nourriture, qui a éclaté à l'école La Ruche de Magog, a causé pour 4 000 $ de dommages et nécessité un grand ménage de quatre heures par dix employés. L'événement, planifié sur Internet, a été capté par des élèves grâce à leur cellulaire et diffusé sur le Web. Une trentaine d'élèves ont été suspendus.
Annoncé sur Youtube
Deux élèves ont été accusés de voies de fait à la suite d'une bagarre de bouffe dans la cafétéria de l'école secondaire Honoré- Mercier, dans le quartier Ville-Émard, qui s'est transformée en affrontement entre des élèves et la police. Une vidéo de 24 secondes qui annonçait la bagarre de bouffe à l'école secondaire était accessible dans YouTube depuis cinq jours. Elle indiquait que la bagarre serait l'événement de l'année. Un élève a amorcé le bal en lançant un sandwich. Éventuellement, la nourriture a cédé la place au poivre de Cayenne et aux matraques.
Prof en dépression
Un enseignant de 57 ans a dû prendre un long congé après avoir été filmé à son insu au moment où il a perdu le contrôle de sa classe. Certains élèves avaient planifié de faire péter les plombs au professeur de l'école Mont-Bleu, à Gatineau. Deux élèves ont été suspendus.